Phénomène « dahalo » – Des soupçons d’implications politiques
Plusieurs sources concordantes signalent une autre attaque de dahalo dans la région d’Ambato-Boeny, avant-hier. Comme dans le Sud, un élément des forces de sécurité aurait péri. Pourtant, les forces armées sont actuellement sur le pied de guerre, prêtes à éradiquer ce phénomène qui gangrène la vie de la population plus particulièrement dans le Sud du pays. Mais il semble bien que les résultats se fassent attendre : Remenabila court toujours même si certains de ses proches collaborateurs ont été arrêtés ou ont péri et les dahalo perpètrent toujours leurs exactions.
La lutte contre ces bandits de grand chemin s’avère donc plus difficile pour de multiples raisons. Les autorités transitoires en sont conscientes si on se réfère aux déclarations d’Andry Rajoelina lors de l’interview qu’il a accordée à la radio onusienne. En effet, le Président de la Transition a posé plus de questions qu’il n’a donné de réponses. Quand la journaliste onusienne lui a posé deux questions sur la recrudescence des attaques attribuées aux dahalo, Andry Rajoelina lui a répondu en posant lui-même quatre questions. Cela montre que le sujet reste problématique pour les dirigeants transitoires et que les stratégies adoptées mériteraient d’être recentrées.
Elles méritent justement d’être repensées dans la mesure où les responsables politiques estiment, sans vraiment l’affirmer ouvertement, que derrière cette recrudescence de l’insécurité, des dessous politiques existent. Andry Rajoelina y a fait référence dans son interview en avançant que les dahalo « opèrent par centaine, deux-cent et même quatre-cent. Ils sont armés, donc on les a armés aujourd’hui pour déstabiliser le pays et pour que l’insécurité règne également. Les questions qui se posent sont : qui a intérêt à déstabiliser le Sud de Madagascar ? Qui donne des armes à ces voleurs de zébus ? Qui leur donne les formations et stratégies de vol de zébus par millier ? ». Dans son intervention, il a évoqué l’explication économique en faisant référence à la pauvreté mais pour lui, celle-ci n’explique pas tout. « Il y a aussi des complicités », a-t-il dit. Toutefois, il n’a pas précisé s’il s’agit d’hommes politiques ou non.
Incidence
Dans tous les cas, ce problème d’insécurité constitue une dynamique qui pourrait fortement handicaper le processus de sortie de crise. Certes, ce dernier reste la priorité des priorités. Il n’en demeure pas moins que la résolution de la forte résurgence du phénomène daholo pourrait constituer un « cas de force majeure » qui pourrait avoir une incidence sérieuse sur le respect du calendrier électoral. Cela est d’autant plus plausible si les autorités parviennent à prouver qu’il y a des dessous politiques car dans ce cas, l’objectif serait d’empêcher le pays d’organiser les scrutins, donc de retarder encore la sortie de crise en prolongeant la période transitoire.
L. D. A.