Pronostic erroné
Il a été maintes et maintes fois dit, que ce soit par les simples citoyens ou les politiciens, que lors des dernières élections, les Malgaches en allant aux urnes se sont trompés de pronostics. Si certains présageaient la fin des délestages en trois mois, trois ans après, il y en ont toujours et plus encore qu’avant. La défaite et la désillusion a touché tout un pays après cela et ont largement plus démotivé la population. Car au début avec l’élection présidentielle, le pays espérait un renouveau, un changement, un développement. Et on voyait renaitre dans le regard du peuple malgache l’espoir, l’aspiration à des jours meilleurs. Pourtant, au fur et à mesure que le temps avançait, les rêves sont partis en fumés et l’espoir devenu un désappointement sans précédent. On en a déjà trop parlé de ces faux discours (voir édito du lundi 19 septembre 2016, ndlr). Toutefois, lors des élections législatives, on espérait arranger les choses et renverser la vapeur, il fallait au moins tenter de réparer l’erreur. Malheureusement, cela n’a servi qu’à empirer les choses et à porter à la main de l’assassin le poignard. Un poignard qui finira par achever la vie des Malgaches et tout espoir pour eux de se relever. Ou plutôt dans la clémence des dieux, une infime partie de la population a été épargné, plongeant uniquement les 92% de malgaches dans la pauvreté, en laissant aux 8 % restants le plaisir et le bonheur de jouir des richesses de cette nation.
Heureusement qu’il reste encore ces 8 % de chanceux, ou de favorisés c’est selon, pour donner à Madagascar son image de pays extrêmement pauvre. En effet, si on en arrivait par malheur à faire que 98 % ou 99 % de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté, la communauté internationale dirait quoi ? Elle serait à court de qualificatif et on le sait très bien, à Madagascar plus qu’ailleurs, la Communauté international a un droit absolu à la parole. De ce fait, personne, ni même l’Etat, n’a le droit de lui priver de son qualificatif lorsqu’il parle de Madagascar. C’est ainsi qu’il n’est dans l’intérêt de personne de solutionner la condition des Malgaches actuellement. Il faut au contraire la dégrader un peu plus chaque jour, chaque mois et chaque année. Celui qui espérait et veut tout faire pour un changement n’a qu’à bien se tenir. Malheureusement pour les 21 millions de Malgaches qui subissent cette situation, voulue, il s’agissait d’un simple pronostic erroné depuis le début. Une petite erreur de rien du tout qui au final pourrait ne leur coûter que la vie.
Actuellement, à travers de nombreux ateliers, réunions, colloques et autres dénominations d’artifices pour donner l’impression que des efforts sont fournis, on donne un autre pronostic pour les années à venir. Toujours concernant bien évidemment Madagascar. Cette fois, on ne parle plus du développement car tout le monde a déjà compris qu’il s’agissait seulement d’une grosse farce. Non, cette fois, ce sont les prochaines échéances de 2018 qui sont discutées et pas comme celle d’il y a deux ans. Car il y a deux ans, on pariait d’une sortie de crise et le retour du pays dans l’ordre constitutionnel. Cette fois-ci, il n’est donc pas étonnant si l’on entend parler du retour dans le pays dans la crise sociopolitique, dans un monde extraconstitutionnel. Et bien évidemment la chute que cela va entraîner pour, encore une fois, les 92 % de Malgaches choisis come victime innocente des frasques des politiques.
Les pronostics annoncent que cela n’arrivera pas et que Madagascar après les élections de 2018, ne s’en portera que mieux. Rien à craindre, aucun nuage à l’horizon et le ciel est bleu paraît-il. Pourtant, combien de fois a-t-on vu que les pronostics qu’on nous avait donnés étaient erronés ? Aussi, il est nécessaire de souligner que les Malgaches sont peut-être pauvre à 92 % mais ne sont pas dupes pour autant. Loin de nous l’idée de vouloir dire que le pays finira sans doute comme tant d’autres pays africains ravagés par les rivalités politiques. Mais il est de notre devoir de porter à l’attention de tous les dangers qui attendent le pays. A la vue de la situation actuelle à Madagascar, les guerres entre parties politiques semblent inévitables. Toutefois, un homme averti en vaut deux, un peuple averti en vaut largement plus, et peut être cette fois ci, les Malgaches pourront, pour une première fois, erronés les pronostics.
Ny Aina Rahaga