Analphabète politique !
Le taux d’analphabétisme à Madagascar est assez impressionnant à voir les statistiques. Selon les rapports des organismes internationaux travaillant dans la Grande ile, un peu moins de la moitié des Malgaches, soit exactement 46% d’entre nous, ne sauraient ni lire ni écrire et ne sont pas aptes à comprendre un seul mot non plus. Un taux alarmant – pour ceux qui s’en soucient – en plein 21ème siècle. Malheureusement, ces 46% de Malgaches ne sauront donc pas lire le message que l’on tente de faire passer. De plus, ils resteront isoler, du moins jusqu’à maintenant, du fait qu’aucun effort n’est fourni par les responsables pour les désenclaver de cette situation. Personne n’y croirait mais pourtant, il y a encore plus malheureux que ces 10 millions et quelques de Malgaches qui ne savent ni lire ni écrire. Car « le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix de haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques (…). Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales ». Tels ont été les mots d’Eugen Berthold Friedrich Brecht, poète et dramaturge allemand qui sonnent juste en ce moment, et surtout dans la situation du pays.
Il est évident que l’éducation est la clé du développement d’un pays et celle-ci dépend avant toute chose de la connaissance de l’écriture, de l’alphabet. Cela semble si banal et si simple et pourtant, le tout repose sur ce simple fait. Sans vouloir dénigrer personne, le fait de ne savoir ni lire ni écrire alors que le monde s’avance de plus en plus dans la mondialisation, est un réel handicap, que ce soit sur le plan personnel ou sur le plan communautaire, national. Si l’on se réfère aux dires de Brecht, au moins dans une logique objective, la situation malheureuse de ces 46% des Malgaches est pourtant, soit expressément voulue, soit implicitement créée par certaines personnes qui se réclament pourtant « éclairés » et aptes à diriger le pays. Comme le dit si bien le poète, c’est l’ignorance politique qui crée la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le bandit.
Le fait est que lorsque ce sont les ignares qui ne connaissent rien de la vraie politique qui font de la politique, la situation devient cent fois pire encore. Car si c’est l’analphabète politique qui produit les politiciens malhonnêtes alors que c’est à lui qu’est confiée la direction de la Nation, on se retrouve devant un malhonnête doublé d’un ignorant. Une personne qui ne sait ni ce qu’il fait ni où il va et ne peut que mener le pays à sa perte. Tout dépend de la politique et pourtant, la politique a été confiée en de mauvaises mains, entre celle de personnes qui ne savent déjà pas écrire ou lire ce qu’est la politique, mais qui pourtant en ont fait un métier qui rapporte. Ce qui a fait que les Malgaches, au delà des 46% d’’analphabètes, se sont aussi déconnecté du monde politique et l’ont maintenant en horreur.
Ainsi, il est important et vital pour la vie et la survie de notre pays que chaque citoyen s’intéresse à la politique, surtout face à la situation actuelle et les échéances électorales qui nous attendent en 2018. La clé pour vaincre la pauvreté, pour mettre fin à la pauvreté et pour débarrasser une bonne fois pour toute nos rues des mendiants et des marchands ambulants, ce ne sont ni les dons de kits scolaires ni les chasses à l’homme sur l’avenue de l’indépendance. La clé en est une bonne pratique de la politique, une intégrité et de la redevabilité des dirigeants de l’Etat. Mais aussi et surtout l’intérêt des citoyens pour la vie de la Nation et la conduite des affaires de l’Etat. Ni plus ni moins. Pour résoudre le problème des 46% de Malgaches analphabètes, il faut tout d’abord se débarrasser de ces autres illettrés qui en sont la cause.
Ny Aina Rahaga