Jeu de paix
La journée internationale de la paix a été marquée par plusieurs manifestations en tout genre et de partout. Il y en a eu qui, comme d’habitude, ont effectué des marches symboliques à travers la ville. D’autres ont choisi une manière plus originale en choisissant de faire une distribution de miel, symbole d’abondance et de plénitude ou encore à travers des danses très folkloriques qui ont mobilisé une assistance assez considérable. Toutes ces manifestations et célébrations sont sans nulle doute importantes, car il s’agit tout de même de la journée internationale de la paix, ce qui n’est pas rien. De plus, l’humanité et surtout les Malgaches ont bien besoin d’une journée de paix et de tranquillité, ou même de deux pourquoi pas. Puis, il n’y aura jamais trop de journée internationale de la paix dans ce monde.
Tout au contraire, ce serait l’idéal si toutes nos journées étaient des journées internationales de la paix, 365 jours sur 365. Nous aurions pu dire un jour la paix est possible, puis le jour suivant « foutez nous la paix » et ainsi de suite. Ou encore distribuer du miel aujourd’hui, danser demain et marcher le surlendemain. Malheureusement, il n’y en a qu’une de journée internationale de la paix et elle s’est terminé hier. Et tout ce qu’on peut dire, on l’emprunte à la Bible qui disait « car ils égarent mon peuple en disant « Paix ! » alors qu’il n’y a pas de paix. »
Voilà ce qu’il en est actuellement, les Malgaches se sont égarés depuis bien longtemps, depuis deux ans à peu près. Car on a voulu leur faire croire que la paix et le développement sont la réalité de notre pays actuellement. Dans chaque discours prononcé, dans chaque mesure prise par les autorités, dans le moindre geste de ces dernières, l’on abonde toujours dans ce sens. Que le développement de Madagascar est à portée de main, que les Malgaches sont sereins dans leurs quotidiens et qu’ils n’ont ni souci d’argent ni souci d’aucune autre sortes. Que la pauvreté est un lointain souvenir et qu’un avenir rempli de promesses et de perspectives attend chacun de nous en cette terre. Loin de cette vie utopique se trouve pourtant le quotidien des Malgaches. Le fait est que ce serait sûrement la réalité si on excluait de l’équation les méfaits de nos très chers politiciens qui jouent à on ne sait quel jeu.
Jeu de paix, ce serait le nom qu’on pourrait donner à leur jeu qui plonge de jour en jour le pays dans les abysses de la pauvreté. Ce serait l’idéal du fait que certains s’amusent vraiment avec l’opinion en faisant tantôt du copinage ou des alliances qui semblent pourtant impossibles et tantôt se poursuivent comme chat et chien avec férocité. Toujours ce même refrain qui repasse et malheureusement, c’est le peuple, la Nation qui en pâtit et qui en est victime. Le fait est que certains ne se rendent pas non plus compte de la machination et entrent volontiers dans la ronde. Pourtant, au final, ce ne sont que les premiers qui s’amusent réellement et à qui le divertissement profite.
Il est bien vrai que nos ancêtres étaient doués d’une sagesse sans égale rien qu’en comprenant que « ny malagasy mody mihavana », soit que les Malgaches font semblant d’être en paix. Il n’est pas plus vraie vérité en ce moment. Car dans tous les coins, des alliances – contrenatures ou pas – se font et se défont comme le vent. Et pourtant, ceux qui s’engagent dans ce genre d’instabilité sont ceux même qui promettent paix, prospérité et stabilité à notre pays. Là, c’est l’hôpital qui se moque de la charité tout de même. Aussi, il est nécessaire de rappeler que le peuple n’a pas besoin et ne dépend point des dirigeants et des politiques, mais que ce sont les politiques qui ont besoin et dépendent du peuple. Il peut décider à n’importe quel moment de changer de dirigeant et d’évincer les politiciens d’un revers de main. Contrairement à cela, les dirigeants et les politiques ne pourront jamais, au grand jamais, se débarrasser du peuple, quoi qu’il advienne. D’ailleurs, on n’a de cesse de solliciter l’appui du « vahoaka » à chaque fois, que ce soit du côté du régime ou de l’opposition. Mais comme nous avons souhaité que chaque journée soit une journée où la paix est célébrée et durant laquelle tous s’activent dans ce sens, alors, jouons à ce jeu de paix. La paix est possible.
Ny Aina Rahaga