« Dans la guerre, le nombre seul ne procure aucun avantage. N’avancez pas en vous reposant exclusivement sur la puissance militaire. ». Encore une des sagesses dont nous a fait cadeau le maître Sun Tzu dans son ouvrage si réputé qu’est « l’art de la guerre ». Ce qui s’est produit hier dans la commune de Soamahamanina nous a donné un bel aperçu de ce que ressent le régime envers son peuple, celui qui l’a porté au pouvoir et lui a confié la grande tâche de veiller sur ses intérêts mais surtout sur sa vie et sa sécurité. Et malheureusement, cela n’est pas un incident isolé car bien des cas similaires se sont produits dans la Grande Île depuis un certain temps déjà. A commencer par cette perquisition au domicile  du colonel Lylison, très récemment au domicile d’une autre parlementaire. La commune de Soamahamanina a déjà essuyé, par dix fois si ce n’est plus, la répression des forces de l’ordre alors que la population ne réclamait rien d’autre à part le départ des Chinois de leur terre et la cessation des activités dans cette exploitation aurifère qui détruit maisons, tombeaux et forêts sans aucune considération pour les hommes, pour les propriétaires. Une réclamation légitime d’ailleurs du fait que le régime avait déjà ordonné l’arrêt des activités de la société Jiuxing Mines Sarl. Mais pire encore, les forces de l’ordre s’en sont pris à la population et surtout à une mère de famille. Mais comment oses-tu ?

Il est une façon de parler bien malgache qui dit « samy mba natera-behivavy ihany », soit littéralement « on a tous été mis au monde par une femme ». Pour ceux qui ne comprendraient pas la signification de ces quelques mots, cela signifie tout simplement qu’on ne devrait, sous aucun prétexte, s’en prendre à des femmes. Pourtant, sur les photos relayées par les réseaux sociaux ainsi que les reportages des stations de télévision qui ont diffusé les évènements de Soamahamanina, on voyait bien cette dame d’un âge déjà respectable qui avait le nez en sang et les yeux ruisselant de larmes. De douleurs et de tristesse sans nul doute voyant ce que les militaires font à sa terre natale, à ses frères et sœurs et à ses enfants, juste pour protéger des Chinois. Scandaleux, et le mot est encore faible, que le régime puisse cautionner ou même  ordonner ce genre de comportement et d’action. Il est vrai que les régimes et les dirigeants malgaches qui se sont succédé, ont tous fait des bavures et sont loin d’être blancs comme neige. Mais on ne se rappelle pas d’un seul qui ait osé saigner une mère de famille pour seulement protéger des investissements chinois. Même l’un des plus grands entrepreneurs de ce pays a su dire aux militaires de ne pas agir alors que la population mettait à sac les boutiques et supermarchés de la capitale, et si ceux-là ne sont pas des investissements étrangers, qu’est-ce que ce serait dans ce cas ?

« Dans la guerre, le nombre seul ne procure aucun avantage. N’avancez pas en vous reposant exclusivement sur la puissance militaire ». La puissance militaire n’est rien quand le peuple décide de répondre, de ne plus se laisser faire. Le régime a en effet trop cette habitude de mobiliser les forces de l’ordre dès qu’une mouche vole. On se rappelle très bien les descentes annoncées par le mouvement des journalistes contre le code de communication, on se rappelle également lorsqu’une plateforme d’opposition a appelé la population de la capitale à descendre dans les rues pour protester contre les dérives du régime actuel. L’histoire nous a pourtant enseigné que les militaires finissent toujours par se ranger du côté de la population, tôt ou tard. Et à ce moment, le soutien que le peuple avait pour ce régime lors des élections, aura bel et bien disparu. Aussi, les députés qu’il a mis à sa solde ainsi que ces quelques personnes qu’il a réussi à attraper, ne serviront à rien. Toute cette énergie que les dirigeants déploient pour se maintenir au contrôle et protéger des intérêts étrangers, on serait déjà un pays développé au coté des Etats-Unis et de l’Europe, s’ils pouvaient mettre autant d’énergie dans le développement du pays. Pourtant, d’aussi loin qu’on se rappelle, Madagascar n’est ni un royaume ni une chefferie, alors comment osez-vous ?

Ny Aina Rahaga