Tous ont interpellé le régime et surtout la tête de l’Exécutif malgache, en ce qui concerne le retard ou quasiment l’inexistence de nomination d’ambassadeurs jusqu’à ce jour, après deux ans de mandat déjà.

Même la ministre des affaires étrangères s’est prononcée sur la question en confiant qu’il n’appartient pas uniquement à son département de décider de la nomination des ambassadeurs et que le dernier mot appartient au président de la République. Une façon comme une autre de se disculper de cette responsabilité mais également déclare que c’est le chef de l’Exécutif lui-même qui est le blocage dans ces nominations. Plusieurs hypothèses ont été avancées comme quoi le régime n’aurait pas encore trouvé les curriculum vitae adéquats pour ces fonctions ou encore que le président n’a confiance qu’en lui-même pour établir les relations de Madagascar avec l’extérieur. Aussi, la SeFaFi ou Observatoire de la vie publique, qui tient bien son rôle de contre-pouvoir, a fait savoir son opinion sur le sujet. Selon les membres de cette organisation de la société civile malgache, « l’absence de toute nomination d’ambassadeur depuis 2009, alors que les postes sont vacants (…) laisse entrevoir une tendance troublante de centralisation extrême de la diplomatie au niveau du seul président de la République ». Sans équivoque, la Sefafi dénonce donc la volonté « égoïste » de Hery Rajaonarimampianina de tenir les diplomates malgaches en joue pour ne représenter le pays qu’à lui seul.

Rien de neuf

Pendant ces deux ans et quelques, Madagascar n’a pas eu de représentants dans plusieurs pays dont les partenaires clés de la Grande Ile ou tout de moins ceux avec qui des efforts de coopération devraient être maintenus et travaillés. En effet, Madagascar ne dispose actuellement pas d’ambassadeurs dans des pays stratégiques du point de vue diplomatique notamment au Japon, aux Etats-Unis, en France, à l’Union européenne et en Afrique du Sud. Ce qui, selon la SeFaFi, est une preuve indéniable du manque de détermination du régime à concrétiser la coopération avec ces centres économiques et diplomatiques. Et justement au moment où le pays traverse des moments particulièrement difficiles et durant lesquels on ne peut se permettre le luxe d’ignorer des partenaires aussi importants. Mis à part ce problème, la SeFaFi a également dressé un nouveau bilan du régime Rajaonarimampianina qui se trouve maintenant à mi-parcours. « Dans les domaines social et économique, même si quelques timides efforts ont été faits, le bilan du régime est loin d’être probant, malgré les promesses et les gesticulations. Le pouvoir d’achat de la majorité se dégrade continuellement et les inégalités se creusent encore », a indiqué le SeFaFi. C’est en ces termes que l’Observatoire de la vie publique s’est exprimé en ce qui concerne les réalisations du pouvoir actuel. Tout compte fait, il n’y a rien de neuf sous le soleil et la réalité qui prévaut est toujours celle d’il y a deux ans, comme si rien n’avait changé.

Régis Kabary