Attention à ton rimmel, Coco !
Air-Madagascar n’est pas sorti de la zone de turbulences, racontent les rumeurs. Vrai ou faux, il n’en reste pas moins qu’à l’instar de nombreuses entreprises dans le pays, la Compagnie Aérienne Nationale accuse les contrecoups de la crise (et peut-être en ce qui la concerne les séquelles d’une tradition d’une médiocre gestion). Air-Mad se trouve fatalement dans une phase de redressement et ne saurait durant cette période faire l’économie de quelque effort que ce soit.
La considération dont il a bénéficié dans l’opinion a été passablement écornée. Les directions successives ont collectionné diverses mésaventures malencontreuses suite à des initiatives hasardeuses et à des orientations nébuleuses. On entend beaucoup les jérémiades du personnel qui se place en victime d’une mauvaise gestion, ça ne l’exonère pas d’autant d’avoir l’obligation de se ressaisir lui-même.
Air-Madagascar, outre la restructuration qu’il tente d’opérer sinon en douceur du moins sans grande douleur, a un objectif prioritaire, la reconquête d’une part de la clientèle. Chaque agent ayant un sentiment d’appartenance à la société qui le salarie ne saurait que ressentir naturellement cette solidarité dans le but de conquérir la clientèle.
Les clients qui s’adressent à l’agence principale avenue de l’Indépendance, vitrine de la société, ont parfois l’envie de dire à ces dames et demoiselles aux comptoirs, « le rimmel auquel tu accordes plus d’importance qu’aux clients risque de couler avec la maison ». Entre deux personnes qu’elles reçoivent, alors que les clients se tiennent à un devoir de patience, certaines se lèvent pour faire la causette ou prendre un thé, alors que d’autres vissées à leur siège n’éprouvent aucune gêne à refaire le maquillage en prenant tout leur temps. Il est clair qu’elles ne prennent pas conscience que chacun de ces clients qui piaffent d’impatience représente quelques millions du chiffre d’affaires qui contribuent à faire leurs salaires.
On a peut-être zappé lors de la formation la leçon n°1, ou bien nombreuses et nombreux l’ont interprétée à contre-sens et l’ont retenue de la sorte : « à Air-Madagascar le client est un quémandeur de service ». Il est vrai qu’à légal des compagnies aériennes concurrentes, Air-Mad offre des modalités léonines sur des points des contrats qu’il propose, du genre « tout changement de date entraîne une pénalité de 100 dollars ». Il y a évidemment d’autres manières que la leur pour le rappeler, mais question style c’est trop leur demander. La réponse brûle les lèvres « il arrive qu’Air-Mad décale le jour du départ, en pareilles circonstances à quel dédommagement s’astreint la compagnie ? ». Souvent le public courtois s’abstient de faire de la surenchère dans ce déficit de raffinement, seulement Air-Mad non seulement n’y a rien gagné mais a perdu ou a laissé passer une chance de mieux se redresser.
Léon Razafitrimo