Intervention en Syrie – Kerry en campagne pour convaincre un Congrès sceptique
John Kerry a lancé le 1er septembre sa campagne d’explication pour convaincre le Congrès américain que le président Barack Obama a décidé de consulter avant de lancer des frappes contre Damas. Une mobilisation qui s’explique par l’incertitude qui pèse sur le vote au Congrès la semaine prochaine. Il est en effet impossible de savoir ce qui peut se passer car on assiste à un débat qui dépasse le clivage républicains-démocrates. Dans le camp démocrate, une frange du parti est très opposée à toute intervention en Syrie. L’invasion de l’Irak voilà 10 ans et les mauvais indicateurs économiques dessinent une alliance contre-nature entre l’aile la plus conservatrice du Parti républicain, et ces démocrates anti-guerres dont le représentant de Floride, Alan Grayson, fait partie. Il déclare : « Nous ne sommes pas le gendarme du monde, personne sur la terre n’agit ainsi. Il n’y a aucune raison pour que nous le fassions. Nous avons 20 millions d’Américains qui cherchent du travail. Aucun Américain n’a été attaqué. La norme internationale que nous voulons respecter est que chacun s’occupe de ses affaires ». Les élus républicains semblent aussi divisés que les démocrates, mais John Mc Cain, ancien candidat républicain à la présidence ne veut pas entrer dans un débat bipartisan alors que, selon lui, l’heure est grave : « Les conséquences d’un Congrès, rejetant une décision du président des Etats-Unis de cette importance seront très graves. Et déjà nous envoyons un signal brouillé à l’Iran et à Bachar el-Assad ».
Pari risqué
En tout cas, cette consultation du Congrès est un pari risqué pour la Maison Blanche, un risque difficile à comprendre, même dans le camp du président des Etats-Unis. Celui-ci a-t-il été influencé par le camouflet infligé au Britannique Cameron ? A-t-il voulu se donner du temps pour convaincre une opinion publique qui n’est qu’à 50% en faveur de ces frappes ? Ou souhaite-t-il rester fidèle à ses promesses de campagne « pas d’intervention militaire sans consultation » ? La voie est étroite pour le Président américain. Les démocrates qui sont minoritaires à la Chambre des représentants ont une toute petite majorité au Sénat. Les grandes manœuvres ont donc commencé à Washington.