Dans une élection, le premier objectif consiste avant tout à se faire connaitre du public, de celui des électeurs de préférence, et à gagner si possible un peu de leur sympathie. A ces fins faut-il les éblouir ? Evidemment que oui ! Mais de quelle manière ? Sur ce point fleurissent diverses théories, et aucune de celles-ci ne fléchit particulièrement, ni n’efface complètement la valeur des autres. Il reste à se rappeler toutefois que la population a pris le temps de se faire une expérience et de tirer des conclusions. De discours les gens en ont tant entendus, de fier-à-bras ils en ont tant vus et de promesses ils en sont tant revenus. Comment peut-on donc marquer les esprits ? 
La formule pourrait à première vue paraitre farfelue tant elle semble comporter une contradiction avec l’objectif premier, occuper l’espace pour marquer les esprits. En effet prêcher l’humilité d’un candidat alors que tous ambitionnent la fonction la plus élevée du pays, ressemble en apparence à vouloir attirer des mouches avec du vinaigre. De surcroît l’humilité non seulement ne rentre pas dans la pratique des acteurs politiques, mais ne bénéficie même pas d’une considération qui pourrait la classer dans la catégorie des vertus. D’emblée on peut faire un constat : l’humilité n’est même pas une valeur cotée à la bourse des « attrape-suffrages ». 
Les politiciens accusent en ce domaine peut-être le retard d’un train voire de plusieurs. 
Et si dans la réalité le public attendait une femme ou un homme normal, et que la population a fini de croire à l’avènement d’une personne providentielle. Personne n’attend plus de miracle, l’opinion cherche éperdument la femme ou l’homme qui sans se vouloir être l’unique au-dessus de tous, affiche une détermination manifeste, exprime avec modération une sagesse réfléchie pour assoir une autorité naturelle. 
Le peuple a déjà à plus d’une fois reposé confiance en un homme qu’il a cru supra, aussi il n’y croit plus, et s’en méfie même. A plus d’une fois les événements ont démontré que l’« élu du cœur » a fini par être l’unique à persister pour croire qu’il était l’« extraordinaire ». 
Evidemment que l’humilité ne s’improvise pas, c’est comme dans toutes les disciplines les bonnes improvisations sont seules celles que l’on a bien préparées. Par contre s’il existe nombreux individus qui ont des ego surdimensionnés, il est quelques-uns qui en apparence font preuve de modestie, mais qui à peine les circonstances les mettent dans une position avantageuse, réagissent comme des papillons sous la lumière d’une lampe, se brûlent vite les ailes. Nombreux tout juste candidats se voient déjà président et manifestent des prétentions inappropriées. Quelquefois une garde pléthorique, une suite excessive de courtisans constituent un argument repoussoir au regard d’un public médusé peut-être mais qui ne se prive pas de penser « mainka fa ranomasina ranopotaka aza manonja », alors que ça n’est que flaque d’eau ça remue déjà des vagues, qu’en serait-ce si ça devenait océan.


Léon Razafitrimo