Tsena Vorodamba – Une petite société en manque de développement
Avez-vous déjà remarqué le petit marché qui se trouve près du chemin de fer d’Ampefiloha ? Les gens l’appellent « tsena vorodamba ». Rien à voir avec la « réunion kely » qui se situe de l’autre côté de la route. Depuis les années 2004-2005, des vendeurs avaient été installés pour un domaine privé. Un accord tacite avec les propriétaires des lieux les avait aidé depuis ce jour jusqu’à maintenant à développer leur petit commerce. Plus de 250 vendeurs sont actuellement présents sur ce tsena vorondamba, avec seulement trois personnes pour les gérer.
Monsieur Rambola
Ce sont les héritiers du domaine qui se chargent des vendeurs du « tsena vorondamba ». En effet, dans les années 2004-2005, la Commune urbaine d’Antananarivo avait effectué un assainissement dans la partie de « la réunion kely » où se trouvaient déjà beaucoup de personnes dans le besoin. De plus, l’augmentation de la saleté et des ordures sur les lieux l’y obligeait. C’est à ce moment-là que des responsables de l’Etat s’étaient entretenus avec les propriétaires légaux du domaine dont l’on évoque actuellement. Un accord tacite avait été donné à la seule condition, les enfants des propriétaires eux-mêmes se chargeront de veiller sur les personnes qui allaient s’y installer. Depuis le début de cet arrangement, l’objectif est d’aider au maximum ces personnes démunies afin qu’ils puissent vendre sans encombre leurs marchandises. Trois frères sont par conséquent les premiers responsables de ces personnes, mais tout repose sur le frère aîné M. Rambola, communément appelé « président » par les occupants.
Dès le début, celui-ci avait imposé ses règles pour régir la petite société. Il s’agissait d’une rude tâche d’après ses dires dans la mesure où beaucoup ne venaient que pour voler les autres, que cela soit les vendeurs ou les acheteurs. Sans compter la discipline qu’il fallait imposer aux vendeurs eux-mêmes.
Une société comme les autres
Le domaine où se situe le « tsena vorodamba » regroupe trop de personnes. Or, il peut s’avérer très dur de faire régner l’ordre dans une communauté sans le respect mutuel de chacun. C’est exactement ce que le « président » nous avait confié, deux règles principales leur avaient été dictées depuis le début de cette aventure à savoir le respect de l’autre et le plus important, d’après ses dires, la propreté de chacun. Plusieurs contrôles des responsables sont effectués au cours de la journée. Il s’agit non seulement des recensements des activités des vendeurs mais également de leur hygiène. Cette dernière est particulièrement la première discipline imposée par les responsables. Chose contraignante pour les vendeurs habitués à travailler sans penser à leur physique, mais qui est devenu au fil des années une habitude respectée de tous. Il existe même des personnes chargées de nettoyer et de sécuriser la propriété chaque jour. A noter que les responsables sont là non seulement pour surveiller le bon fonctionnement des ventes, mais ils se chargent personnellement aussi de l’éducation de chacun des vendeurs. Comme le fait de se respecter les uns les autres tout en se respectant soi-même également.
Des vendeurs respectables
Les aïeuls disaient que « le monde appartenait à ceux qui se lèvent tôt ». Ces marchands du « tsena vorodamba » n’ont peut être pas de fortune à leur nom, mais ils ont le mode à leur pied. Un témoin vivant juste en face de ce domaine avait fait le constat de leur activité. En effet, dès 4 heures du matin, le marché commence déjà. Cela se calme un peu aux environs de 6 heures du matin ainsi que pendant la journée et reprend de plus belle vers 17 ou 18 heures de l’après-midi, selon le nombre d’acheteurs qui viennent sur les lieux. En tout cas, ces vendeurs sont là du matin au soir ; d’autres campent même sur le marché dans la nuit pour avoir une meilleure place le lendemain. Qu’il vente ou qu’il pleuve, cela ne les empêche pas de venir au travail pour pouvoir se faire un peu d’argent. D’après le responsable, c’est particulièrement très tôt le matin que tous les acheteurs viennent faire leurs emplettes, et ce sont particulièrement les personnes les plus riches qui sont présents à ce moment-là. Les marchandises que l’on trouve dans le marché sont effectivement des produits de recyclage ambulants. L’on y décèle des tas de ferraille, des bouteilles en plastique, des boîtes de sardines vides, des bouteilles en verre, et toutes ces choses utilisées dans les maisons que plus personne ne veut garder. En somme, des produits qui seraient une véritable source de matière première. D’ailleurs, le président réfute les polémiques actuelles sur la provenance des marchandises. En effet, beaucoup pensent que la majorité des objets vendus sur les lieux sont ceux volés. « Comment des objets recueillis dans les bacs à ordures peuvent-ils être des objets volés ? », souligne-t-il.
Une petite société à part entière
Entre le blanc et le noir, le premier aura toujours le premier regard des autres, peu importe les efforts fournis par le second. Depuis le début, ces vendeurs ont été marginalisés par la société malgache et cela n’a pas changé au fil des années. Beaucoup sont venus évaluer la situation dans laquelle ils se trouvent, mais personne n’a encore pris les mesures nécessaires pour les venir en aide. Les responsables ne cessent de réitérer leur demande en ce qui concerne ces pauvres gens, pourtant c’est comme parler aux oreilles d’un sourd. « On aide les autres mais pas eux », avait dit le responsable. Or, les efforts de certains avaient déjà payé. Une cinquantaine de ces personnes sont déjà revenues dans la brousse, leur terre natale, après avoir réussi à faire beaucoup d’économie. Ils ont pu reconstruire leur vie après le dur labeur qu’ils avaient effectué dans le marché chaque jour. Ils n’ont jamais abandonné depuis le début jusqu’à maintenant.
Athanase