Tous heureux
Le savoir est l’une des armes les plus redoutables qui soit en ce monde et surtout en ce moment, en plein milieu de la mondialisation et de la technologie. Le partage d’information est la clé des nombreux succès de ce monde. Il n’est pas étonnant que les services d’information ou services secrets des grands de ce monde tiennent un rôle particulier dans la suprématie de ces derniers dans l’échiquier mondial. Celui qui possède telle ou telle information que d’autres n’ont pas disposé d’une avance considérable sur ces derniers. A ce propos, une des phrases du bienveillant Sun Tzu disait qu’ « Une armée sans agents secrets est un homme sans yeux ni oreilles. » C’est dire à quel point la possession d’information est primordiale, voire vitale pour chacun de nous, chaque Etat et chaque dirigeant bien évidemment. Pourtant, on dit bien heureux celui ou celle qui ne sait rien. Et c’est aussi vrai dans la mesure où celui qui ne sait rien n’a aucune réelle préoccupation à part vivre sa vie, comme il l’entend. Et sans les soucis, on ne peut qu’être heureux. Celui qui ne sait pas lire ne se préoccupera pas de lire quoi que ce soit et ne saura rien de ce qui se passe autour de lui. Idem pour un peuple qui ne saura pas ce qu’est une dictature, il n’y trouvera rien d’anormal, ne sachant pas qu’il a droit à la parole, qu’il est appauvri ou qu’on lui pille ses richesses, il ne le saura pas.
Le savoir s’avère donc une lame à double tranchant car moins on en saura, mieux on s’en portera, mais plus on sait et plus on sera apte à réagir comme il se doit. Lorsqu’on parle d’éducation, que ce soit à Madagascar ou ailleurs, le système cherche avant tout à conditionner la personne à éduquer afin que celui-ci se conforme à la société à laquelle il appartient. N’est-il pas ? On nous apprend ce que l’on veut bien qu’on sache mais on se garde de nous communiquer ce qui pourrait nous pousser à réfléchir. A titre d’exemple, comment se fait-il que 24 kilos d’or aient pu rejoindre le tarmac de l’aéroport international d’Ivato sans qu’on le sache. Et pourquoi, alors que pris en flagrant délit, on ne révèle pas encore l’identité de celui ou celle qui était en possession de ces lingots ? Il y a intérêt à ce que le public ne sache pas qui fait quoi dans ce pays. Que l’on nous dise que la police effectue encore une enquête ou quoi que ce soit d’autre, le secret et l’information sont bien gardés. Sommes-nous sûrs qu’avec cette nouvelle saisie de 24 kilos, seulement 30 kilos d’or ont été sortis du territoire en douce depuis le début de l’année ? Et on ne parle là que de l’or malgache. Il est absolument hors de question de divulguer les noms de ceux qui font des bois de rose du peuple malgache leur gagne pain. Cela alors que plusieurs personnalités politiques ont déjà crié haut et fort détenir une liste exhaustive de ces voleurs de la Nation. Pourquoi ne met-on pas la population au courant ? C’est ce qui s’appellerait de la rétention d’information, un crime aux yeux de la loi mais qui semble normal aux yeux des politiciens malgaches.
Bien heureuse aurait été donc la population de Soamahamanina si seulement ceux qui s’accaparent de ses terres et son « or » ainsi que ceux qui sont de mèche avec eux, lui avait caché ce qui l’attendait. En effet, si ces pauvres paysans avaient été maintenus dans l’ignorance de ce gisement d’or sous leurs pieds et du fait que ce serait des chinois qui prendraient possession de ces terres, il n’y aurait pas eu ces émeutes et ces arrestations. Ils auraient seulement vaqué à leurs occupations sans se soucier de quoi que ce soit. C’est ainsi que les tenants du pouvoir cherchent à rendre heureux le peuple malgache en disant qu’il n’est pas pauvre, loin de l’être, et que si c’est le cas, que l’on apporte des preuves. Finalement remplis de bonnes intentions, les dirigeants du pays actuellement ne cherchent qu’une chose en nous inculquant l’ignorance et en nous privant de toute information utile. Ils cherchent seulement à nous épargner les inconvénients de la connaissance et veulent que nous soyons tous heureux.
Ny Aina Rahaga