Soamahamanina – Deux nouvelles arrestations par « sarika am-pandriana » !
Pour le cas spécifique de Soamahamanina, il n’y a pas d’heure pour les arrestations et selon la population locale, deux habitants ont été capturés par les forces de l’ordre. D’un autre côté, les observateurs pointent carrément du doigt les véritables responsables de cette tragédie : l’One et le ministère auprès de la présidence en charge des mines !
Depuis la semaine dernière et l’arrestation des meneurs de l’association Vona, à savoir Robson Pierre et Andrianony Tsihoarana qui se trouvent actuellement en prison, certains habitants de la commune rurale de Soamahamanina ont pris la précaution de ne pas rester dans leurs maisons la nuit et donc, de dormir à la … belle étoile dans les champs ! Ces derniers ont pris la décision de devenir comme les sans-abris de la Capitale d’autant que des rumeurs courent sur l’extrême brutalité des forces de l’ordre, en principe chargées de veiller sur les citoyens malgaches et leurs biens, mais devenus actuellement des forces de répression qui protègent uniquement les chinois. Evidemment pour mâter ce mouvement de la population de Soamahamanina, il n’y a plus d’heure pour passer aux arrestations. Selon une source locale, deux habitants portant le même prénom d’Augustin ont ainsi été arrêtés avant-hier, tard dans la nuit dans deux endroits différents de la même commune. Après la manifestation de jeudi dernier donc, le nombre de personnes arrêtées s’élève à sept et les deux Augustin ont été emmenés dans la Capitale. A coup sûr, tous seront présentés devant le Parquet d’Antananarivo et beaucoup ne seront pas étonnés d’entendre ce jour ou au début de la semaine prochaine qu’ils prendront le même chemin que les deux meneurs de l’association Vona. Et à ce rythme, les femmes de Soamahamanina aussi suivront puisque les habitants ont sans cesse affirmé qu’ils n’arrêteront pas de manifester qu’une fois les chinois partis définitivement de cette localité, et ce, pour toujours.
4 régimes
D’un autre côté, des voix commencent à sérieusement s’élever contre ceux qui ont donné l’autorisation de cette exploitation aurifère et qualifient même ces responsables d’avoir vendu le pays mais aussi leurs âmes. Et le premier pointé du doigt par les intellectuels ainsi que la population tananarivienne en général, n’est autre que l’Office national pour l’environnement (One) – qui a octroyé le permis environnemental – dirigé par l’inamovible Directeur général Rakotoary Jean-Chrysostome. Ce dernier a été nommé à la tête de cet organisme rattaché au ministère de l’environnement et des forêts en 2001 et est, apparemment, un très bon nageur puisqu’il a su traverser 4 régimes différents, à savoir, celui de Didier Ratsiraka, de Marc Ravalomanana, de la transition d’Andry Rajoelina et de la IVème république de Hery Rajaonarimampianina. Il est vrai que son abrogation ne dépend pas uniquement de l’Etat Malagasy mais aussi et surtout des bailleurs de fonds mais devant ce soulèvement populaire de Soamahamanina et aussi un peu partout dans la Grande île, des mesures sérieuses devraient être déjà prises. En somme, la communauté internationale est complice de la dégradation de la situation en restant les bras croisés et en gardant le silence sur cette affaire. D’où peut-être l’assurance des forces de l’ordre alors que la Cour pénale internationale (Cpi) vient de déclarer que toute affaire d’accaparement de terres est désormais considérée comme un crime contre l’humanité !
Mais le ministère de tutelle, à savoir le ministère auprès de la présidence en charge des mines et du pétrole, est aussi concerné de près par cette histoire puisqu’il a, d’abord, donné le permis minier alors qu’on sait que depuis 2011, cet octroi est suspendu en attendant le nouveau code minier.
Pas comme les autres
Non seulement, le permis minier en question a donné le feu vert pour l’exploitation aurifère mais dernièrement, le directeur de cabinet du ministre actuel – un Tim pur et dur – a défendu bec et ongles l’exploitation aurifère chinoise qui, selon lui, est un partenariat gagnant-gagnant ! Ce dernier a oublié que les paysans de Soamahamanina vont perdre maisons, champs, rizières, rivière, et entre autres, tombeaux si Madagascar va être dépossédé d’une forêt unique au monde : la forêt de ala tapia ! Pire, ce directeur de cabinet pas comme les autres – il y en a deux dans la formation gouvernementale actuelle – a osé qualifier ces pauvres paysans d’être à la solde de politiciens, une suprême insulte pour ceux qui essayent de défendre leur … « tanindrazana ».
Bref, l’affaire de Soamahamanina n’est pas encore prête de se terminer et les prochains épisodes risquent d’être plus sanguinolents tandis que les arrestations vont pleuvoir, si d’un autre côté, on avance des gens peu crédibles qui finalement, ne font que détruire l’image déjà peu reluisante du régime.
Vladimir H.