Grèce – Coupes sévères et mutations forcées dans la fonction publique
Les fonctionnaires grecs continuent de se mobiliser ces 18 et 19 septembre. Un mouvement à l’appel des syndicats contre le plan de restructuration de la fonction publique. C’est une réforme exigée par la troïka en échange du versement de la prochaine tranche d’aide de 6,8 milliards d’euros. L’objet du mécontentement est une réforme de la fonction publique qui prévoit la suppression, d’ici la fin de l’année 2013, de 4 000 emplois publics et la mutation de 25 000 fonctionnaires. En cas de refus, les fonctionnaires risquent le chômage partiel et une baisse de leur salaire, avec à la clé un licenciement. À la fin du mois de septembre, le gouvernement doit avoir bouclé la mutation de 12 000 fonctionnaires. Sont concernés principalement par ces mesures : les enseignants, les salariés du secteur de la santé, les policiers, les agents municipaux, les employés du ministère de l’Education et les enseignants.
Disciplines supprimées
Dans l’éducation, par exemple, plusieurs disciplines ont été ainsi supprimées à la rentrée scolaire. Des professeurs de matières jugées non prioritaires, comme les langues, la musique, le théâtre ont été redéployés à des postes dans le primaire. Une thérapie de choc que dénonce Vassilis Xenakis, secrétaire de la Confédération des syndicats de la fonction publique ADEDY. « Certains professeurs de lycée ont été mutés dans des écoles élémentaires où il manquait des enseignants, s’alarme-t-il. Cela bouleverse évidemment toutes leurs conditions de travail. Et s’il n’y a pas de poste pour eux, ils sont mis en disponibilité, et ne touchent plus que 75% de leur salaire. »
Un secteur gros pourvoyeur d’emplois
Dans un pays où 27,9% de la population active est au chômage, l’heure est à la déception comme le souligne Vassilis Xenakis. « Ce n’est pas l’Europe dont nous rêvions. Quand vous avez moins de services sociaux, une éducation de moins bonne qualité et que le gouvernement prépare le budget de l’année prochaine en serrant encore la ceinture, cela ne peut pas continuer. Le gouvernement parle un autre langage que la rue. Il parle croissance, statistiques, mais cela n’a rien à voir avec ce que nous nous vivons aujourd’hui. » La fonction publique est un secteur gros pourvoyeur d’emplois en Grèce. Deux salariés sur dix travaillent pour l’Etat. Et pour bon nombre d’experts, dont Georges Prévélakis, ambassadeur de la Grèce auprès de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), cette réforme est nécessaire. « Pendant 30 ans, le secteur public grec s’est développé avec des fonctionnaires, souvent embauchés par les politiques du pays, pour rendre service à des amis, ou pour dissimuler le chômage. C’est à la fois très coûteux et très peu efficace. »