Choix de priorité
Que de priorités attendent ces dames et ces messieurs candidats à la magistrature suprême. Ces priorités constituent un volume d’une grande densité qu’elles pourraient écrabouiller les candidats d’une témérité excessive. Si tous manifestent une grande hardiesse il en est quelques-uns qui sont plutôt timorés et d’autres sans doute qui font montre d’une relative suffisance. C’est que la tâche est immense, tant le pays est mal en point. Candidat il a fallu du courage pour oser l’être, ça ressemble presque à vouloir vider l’océan avec un dé à coudre ! Il faut bien pourtant que quelqu’un assume cette charge, plus qu’à les vilipender on devrait leur savoir gré, plutôt eux que soi-même ! Cela ne suffit pas à les exonérer des responsabilités que volontairement ils prétendent à assumer, et de plus ils n’ignorent pas que le choix sera cruel, et que certains résultats obtenus (les zéros virgules) des croix lourds à porter. La bataille s’annonce sans merci, ni les concurrents ni l’opinion ni les électeurs ne feront de cadeaux. La tentation est grande pour les candidats d’avoir la grosse tête et les chevilles qui enflent avant l’heure. Lors des meetings, qui sont des shows, le public attend évidemment des espèces de Zorro sûrs d’eux, on ne va pas au spectacle pour voir un ver de terre, seulement les électeurs dans l’isoloir hésiteront à cocher en faveur d’une personne qu’ils ont trouvée trop sûre de sa personne et qu’ils soupçonnent de se transformer rapidement en un citoyen qui se croit l’« unique ». L’« unique », nombreux pensent l’avoir été et l’être, l’opinion n’en veut plus, la population connait les risques de dérive qui en découlent, culte de la personne, pouvoir personnel… Cependant à l’inverse d’autres dérives, du genre « anarchie au sein d’un piteux Etat » inciteraient à l’institution d’un pouvoir fort. Le débat est ouvert à chacun d’annoncer la couleur mais surtout de poser les garde-fous pour assurer contre les dérives dans un sens comme dans l’autre. Dans les conditions actuelles d’insécurité, dans le climat d’indiscipline généralisée, il serait vain d’entreprendre un programme de développement sans au préalable porter remède à l’indiscipline et à l’insécurité. On imagine mal trouver le moyen d’y parvenir sans restaurer un pouvoir fort, mais quel risque ! Les forces de l’ordre ne sont pas non plus au-dessus de tout soupçon quant à une obéissance partisane et quant à vivre au-dessus des tentations de corruption. Il est déjà pénible de vivre en permanence un état de sacrifices pour une majorité de la population, lui promettre des efforts avec en prime les risques d’avoir à faire à un Etat policier, l’Etat voyou et le policier ripoux, la coupe serait pleine dès le départ.
Léon Razafitrimo