« Leboos Kanijah » – « Je n’ai commis aucun crime et je ne suis pas pédophile »
La mise en application de la loi sur la cybercriminalité à Madagascar arrive à point nommé, si on analyse comment les Malgaches utilisent leurs comptes facebook ces derniers mois. En effet, de plus en plus de personnes témoignent être victimes de crimes sur facebook, notamment l’escroquerie des commerçants en ligne, le piratage de comptes ou l’usurpation d’identités, et entre autres, la diffamation publique.
Précisons que l’adhésion à des familles facebook est très tendance chez les jeunes Malgaches pour accroitre leur popularité et avoir plus de loisirs et d’amis dans la réalité. L’appartenance se traduit généralement par la mention du nom de la famille dans le nom des jeunes sur facebook, le commentaire et la mention « J’aime » des publications des membres de la famille, ainsi que l’organisation d’événements de loisirs divers pour les membres. Le phénomène de diffamation publique le plus récent, et qui est plus grave que beaucoup ne le pensent, est l’affaire concernant des jeunes facebookers de la capitale regroupés dans la « famille Kanijah« , suite à la publication d’un article dans un quotidien de la capitale. Bien que l’auteur ait parlé de « probabilités » dans l’article et a précisé que l’enquête sur le cas de viol qu’il a rapporté, est en cours, un important nombre de facebookers ont décidé de créer des comptes « fake » en vue de s’acharner contre la famille Kanijah en question, notamment le leader de cette famille, accusée d’avoir drogué puis violé l’une de ses nouvelles membres, la nuit du 30 septembre.
Menaces de mort réelle par des personnes virtuelles
Insultes, gros mots, montages de photos dégradantes, création d’un groupe KANIJAH OFISIALY où des facebookers s’amusent à dénigrer gratuitement et à souhaiter tous les maux de la terre, et surtout à lancer des menaces de morts ainsi que des incitations à des vindictes populaires. Le leader de la famille Kanijah, connu sur facebook sous le nom « Tix Jayah Le Boos Kanijah » nous confie le calvaire que les membres de cette famille et lui-même vivent depuis cinq jours. « Nos familles réelles, la famille Kanijah et moi avons très peur à cause des menaces de mort que nous recevons incessamment. Un de nos membres a même failli être licencié à cause des diffamations que son employeur a lu sur Facebook », raconte-t-il. « De nombreuses personnes anonymes incitent ceux qui me verraient dans la rue à me tuer sans hésitation dans une justice populaire, alors que je n’ai rien fait de mal. Je n’ai commis aucun crime et je ne suis pas pédophile ». Et au jeune homme de 18 ans, en classe de terminale électronique, de préciser: « La nuit du 30 septembre, je suis resté chez moi et la famille Kanijah n’a organisé aucune rencontre, aucun événement quelconque ». D’ailleurs, les policiers qui seraient en charge de l’affaire de viol rapportée n’ont même pas jugé utile de le convoquer jusqu’à ce jour.
« Nous prônons la solidarité et l’union »
Enfin, Tix Jayah Leboos Kanijah a tenu à rappeler les valeurs de la famille Kanijah qui compte actuellement plus de 150 membres : « Nous prônons la solidarité et l’union. Nos activités vont dans ce sens: natation, shooting, karaoké, et fête d’anniversaire des membres qui le souhaitent. Les conditions pour adhérer à la famille Kanijah sont établies pour rechercher cette solidarité: participation aux activités organisées, attitude pacifique et non conflictuelle, la participation active aux discussions, outre le style, la mention J’aime et le commentaire des publications des membres ».
En tout cas, ce phénomène d’acharnement populaire contre la « famille Kanijah » démontre une fois de plus qu’une grande partie des citoyens malgaches ont besoin d’être conscientisée que facebook est devenue une communauté aussi réelle que la société où nous vivons physiquement, et que les actions et les paroles qu’elles publient sur les réseaux sociaux, ont des conséquences réelles sur leurs vies et celles des autres.
Alexandra Cassie