C’est l’indépendance
Le terme anticonformiste est un terme relativement nouveau apparu au milieu du 20ème siècle. Il est formé de l’élément du grec anti qui signifie « en face de » ou « contre », et du nom conformiste, qui désigne quelqu’un qui se conforme aux normes, aux usages. Le conformisme désigne aussi, péjorativement, l’attitude passive d’une personne qui se conforme aux idées et aux usages de son milieu. Tout individu qui, en société, s’écarte de la norme, est ainsi souvent considéré comme anormal, et même parfois, déviant. A ce sujet, André Gide écrit : « Toute pensée non conforme est suspecte. » Suspecte aux yeux de ceux qui se conforment précisément à une norme de pensée et souvent, de comportement. Dans l’absolu, être conformiste ou anticonformiste ne veut rien dire. Tout dépend de ce à quoi on se conforme ou ne se conforme pas. Cela étant dit, être anticonformiste, au sens de ne pas se conformer aveuglément aux divers stéréotypes de la société qu’ils soient religieux, politiques, économiques, ou même artistiques, au risque même d’être considéré comme un marginal, est respectable. Dès lors que cela n’est pas au détriment des valeurs éthiques les plus élémentaires et que cela ne porte pas atteinte au bien-être d’autrui.
Sur la scène internationale, tous les pays sont invités – ou contraint c’est selon – à se soumettre à la volonté commune et à se conformer aux règles édictées par la société internationale. Ceux qui s’en écartent courent le risque de se voir infliger de lourdes sanctions ou même l’excommunication à la sauce du 21ème siècle. Pourtant, lorsqu’on parle de se soumettre aux règles de la vie internationale, on parle bien évidemment des règles édictées par les grands de ce monde dont malheureusement notre pays ne fait pas partie. Nous sommes donc parmi ces moutons qui suivent uniquement le troupeau et obéissent à la volonté du plus fort, celui qui tient le « bâton du berger ». Pourtant, et même malgré le principe de l’égalité des nations, ces derniers font ce que nous ne pouvons pas faire. A titre d’exemple, les relations américano-russes actuellement. La semaine dernière a été marquée par un net raidissement des relations diplomatiques entre la Russie et les Etats-Unis. Il y a d’abord eu la colère du gouvernement américain à l’endroit du gouvernement russe, concernant la Syrie, car Alep est sous les bombes russes. S’en est suivi le fait que la Russie qui a suspendu un accord avec les Etats-Unis -vieux de trois ans- sur la coopération, dans le domaine de la recherche scientifique, concernant l’énergie nucléaire. C’est en réponse aux sanctions américaines décrétées, à la suite de la crise en Ukraine. Ces actions là, de petits pays tels que le nôtre et bien d’autres du continent africain ne peuvent se permettre mais sont juste contraints de s’y conformer sans dire un mot. Heureusement, l’Afrique se réveille peu à peu et certains pays ont déjà franchi le pas.
Quelques signes annonciateurs présagent que l’Afrique osera une bonne fois pour toutes s’émanciper et réclamer sa vraie place. A titre d’exemple, Mugabe qui s’adressait à des militants de son parti, la ZANU-PF, a assuré que quelques dirigeants africains ont discuté des options de retrait de l’organisation mondiale, en marge de la 71ème session de l’Assemblée générale de l’ONU qui vient de se terminer. La décision a toutefois été reportée à l’année prochaine lors du prochain sommet de l’ONU où sont attendus les dirigeants du continent pour l’offensive. Dans le cadre du Consensus d’Ezulwini convenu en 2005, les pays africains ont demandé deux sièges permanents au Conseil de sécurité de l’ONU, ainsi que cinq sièges non permanents, mais les pays occidentaux ont opposé une fin de non-recevoir à ces requêtes de l’Afrique. Dans un autre contexte, au Burundi, le pouvoir est engagé dans une terrible répression depuis le début de la crise qu’il traverse depuis avril 2015. Alors qu’il est de plus en plus accusé d’être en grande partie responsable de ces crimes, le Burundi vient de décider de se retirer de la Cour pénale internationale. Il a toujours été reproché à la Cour pénale internationale de ne punir que les dirigeants africains et les pays du continent noir. Sans jamais se préoccuper des bombardements en Syrie par exemple ou des autres crimes contre l’humanité commis ailleurs. Ces pays là ont donné le ton et les dirigeants malgaches devraient en prendre de la graine. Il n’y a aucun mérite à se soumettre à la volonté des autres, tout au contraire, avoir ses propres idées et ses propres valeurs, sa propre notion de développement, c’est ça l’indépendance.
Ny Aina Rahaga