Drame de Lampedusa – Les habitants veulent des actes face à l’immigration clandestine
L’immigration sera au coeur d’une réunion des ministres européens de l’Intérieur, ce mardi 8 octobre à Luxembourg, après le drame de Lampedusa, au sud de la Sicile, jeudi dernier. Une mobilisation européenne très attendue par les Italiens. Sur ce confetti de terre, plus proche de la Tunisie que de l’Italie, et mal équipé, les drames de l’immigration se suivent et pèsent lourd sur les habitants. Sur place, les secouristes continuent de chercher les corps des victimes en mer. Trente-huit corps ont été récupérés lundi, ce qui porte à 232 morts le bilan du naufrage. Un bilan pourtant encore provisoire puisque les recherches reprendront ce matin. Des dizaines de migrants africains sont toujours portés disparus. La tragédie a relancé le débat sur les responsabilités des pays européens. Les ministres de l’Intérieur de l’Union européenne vont donc en parler ce mardi. Ils sont réunis à Luxembourg. Les Italiens attendent plus de solidarité. Enrico Letta, le président du Conseil, souhaite que les règles changent au niveau de l’Europe. Il attend notamment, comme la Grèce et l’Espagne, que les demandes d’asile soient traitées par l’Union européenne dans son ensemble et ne relèvent plus de la seule responsabilité des pays d’arrivée, comme c’est le cas selon le principe de la Convention de Dublin. Ensuite l’autre enjeu européen aujourd’hui, ce sera le renforcement du dispositif Frontex de surveillance des frontières. José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne, sera lui présent sur l’île demain.
Plus de solidarité vis-à-vis de Lampedusa
Mais cette demande de solidarité, elle commence évidemment à Lampedusa, où les habitants sont dépassés par l’afflux de migrants. Ils sont un millier dans le centre d’accueil – qui ne peut accueillir normalement que 300 personnes -, pour 6 000 habitants. Et même si ça se passe plutôt bien, on sent bien que les habitants en ont marre et que Lampedusa n’intéresse pas beaucoup Rome en temps normal. Il n’y a pas d’infrastructures, et la liaison maritime est très incertaine et irrégulière avec la Sicile. Enfin à Lampedusa, certaines vieilles femmes hésitent presque à manger du poisson, en disant que les poissons mangent les hommes. On sent beaucoup d’émotion dans la population en ce moment et beaucoup d’attente aussi vis-à-vis non seulement de l’Europe, mais aussi de Rome.
« A Lampedusa, il n’y a pas grand-chose »
Massimo Galli, 64 ans, l’œil vif, gère une petite entreprise de camions frigos et travaille avec les pêcheurs de l’île. Il l’a montée après des années d’exil à Turin, où il était parti chercher du travail comme beaucoup d’Italiens du sud. Depuis son retour il y a une dizaine d’années, il se dit choqué par la succession des naufrages de migrants.