Hypocrisie en haut lieu
Le sommet du Comesa, le marché commun de l’Afrique Orientale et Australe, a été lancé hier. Un lancement qui se voulait en grande pompe pour les dirigeants mais qui n’a même pas effleuré l’esprit des citoyens de la Grande île. La majorité des malgaches ignoraient en effet cette date et cet évènement alors que les tenants du pouvoir auraient voulu la graver sur les pierres d’Anjeva en lettre d’or de Soamahamanina. Du fait qu’il s’agit d’une première pour Madagascar mais également un prélude pour ce que sera le 16ème sommet de la Francophonie en novembre. D’ailleurs, depuis que l’on sait que Madagascar allait accueillir le sommet du Comesa et recevoir le rendez-vous de la Francophonie, l’exécutif ne jure plus que par ces évènements. Que ce soit en termes de réalisation d’infrastructures, de préparation des festivités ou juste du fait que le pays a été choisi pour l’accueil de ces rendez-vous rendait fier le régime Rajaonarimampianina. Maintenant donc que le sommet est ouvert et va durer pour les dix prochains jours, on s’attend à ce que ces derniers en soient encore plus fiers et imbus de ce « succès ». Pour cette fois, les dirigeants n’ont pas dérogé à la coutume ancestrale des malgaches lorsqu’il s’agit de recevoir des invités de marque.
En premier, il y a cette bonne habitude des politiciens qui se sont succédé au pouvoir de faire dans le paraître à chaque fois que le pays s’apprête à recevoir des invités internationaux. Pour prendre un exemple encore bien proche et frais, malgré l’annonce du successeur de Ban Ki Moon, on se rappelle de la visite de ce dernier à Antananarivo. Dès son débarquement au Bani Ivato, des milliers d’hommes des forces de l’ordre malgache ont été mobilisés. Le but étant de renforcer la sécurité dans la capitale, mais bien évidemment, il ne s’agissait nullement de la sécurité des tananariviens mais uniquement de l’invité de marque qu’était ce secrétaire général des Nations Unies. Aussi, des rondes de nuit ont été organisées et des dizaines de camions étaient postés en de nombreux points de la capitale. Lors de cet évènement également, le nettoyage de la ville se faisait de très bon matin et on ne trouvait ni sachet plastique ni quelques déchets que ce soit sur le chemin de Ban Ki moon mais seulement sur son chemin. Et alors que les tensions sociales et les grèves de la société civile menaçait de dévoiler la réalité malgache au secrétaire général des Nations Unies tout en mettant fin à la mascarade si bien organisée en haut lieu, les tenants du pouvoir prenaient soin d’éviter que l’invité croise le regard de la population malgache, au bord du trépas.
Les mêmes faits se répètent actuellement et la comédie a été mise en œuvre bien avant le début du sommet du Comesa. Partout dans la ville d’Antananarivo, on a remarqué que les responsables se sont hâtés de boucher les nids d’autruche qui embellissent nos voies et nos rues. De même, les marquages au sol ont été remis à neuf alors que personne ne les respecte et en premier les voitures officielles. Autre chose qui a choqué personnellement le monde de la presse malgache, c’est que les organes de presse qui vont couvrir l’évènement ont été triés sur le volet. Aussi, ceux qui ne sont pas dans les faveurs des dirigeants ont attendu jusqu’à ce matin leurs invitations mais rien. Il semble que seuls les médias pro-régime vont rapporter ce qui sera l’un des évènements politiques de l’année. Sans plus d’explication, on comprend le fait qu’il y ait des indésirables maintenant aux yeux des tenants du pouvoir qui, pourtant, sont responsables des 24 millions de malgaches et non pas seulement de ceux et celles qui veulent bien ne rien dire et acquiescer de la tête pour n’importe quelle décision. Le refus du dialogue et la non-considération des avis contraires ne peuvent pas apporter de positif et surtout pas sur l’échiquier politique. Certains parlent même d’un suicide politique de la part des dignitaires de l’Etat. Une chose est sûre, l’hypocrisie en haut lieu ne changera jamais.
Ny Aina Rahaga