Un grand manège en guise de grand ménage
Des arrestations en nombre au quotidien, des convois pour transférer à Antananarivo les personnes arrêtées. Le mal provoqué par le drame de Nosy-Be est important, les médias des pays d’où les voyagistes recrutent une partie des touristes visitant Madagascar en ont fait des gorges chaudes. Les dispositions pour corriger la perception qu’ont du pays les gens de là-bas, nécessitent une campagne au moins à puissance égale. Sur place on fait ce que l’on peut, pour l’instant on peut peu. Le montage en spectacle des arrestations vaut ce qu’il vaut et on essaye de le faire durer dans le temps. Mais là-bas seules quelques radios relayent ces informations concernant le ménage que les pouvoirs publics entreprennent. L’opinion publique en Europe a tourné la page pour d’autres faits d’actualité et garde quelque part dans un coin de la mémoire une image sur l’enfer de deux européens qui ont été victimes d’actes sauvages. Dans le pays on essaye de rassurer le public en médiatisant le retour du calme à Hell-ville et dans toute l’île. A Antananarivo et sûrement dans la plupart des régions sur l’étendue du territoire, le public en sourit. Ce n’est pas que l’on ne se soucie pas de ce qui se passe à Nosy-Be, c’est simplement que tout le manège que l’on a organisé ne convint pas grand-monde : ce n’est pas une démonstration de force des services de l’ordre à un point donné qui crédibiliserait un retour à un niveau de sécurité acceptable. Le problème de la sécurité ne fait plus la une, non parce que par magie il se serait atténué en intensité, le phénomène s’explique du fait que le brouhaha de la période électorale couvre les appels des personnes dévalisées autant que les cris de celles égorgées. Le troisième tour pour l’heureux élu, la période de grâce ne sera pas de tout repos, les éventuelles contestations des mauvais perdants trouveraient résonnance au sein d’une population dans sa majorité en attente d’une solution miracle concernant la situation d’insécurité. C’est sur cette question que le peuple attend en premier lieu le prochain élu, et c’est selon la réponse qu’il apportera que le public jugera si les urnes ont sorti ou non un vrai Président. La période de grâce risque de ne pas durer, car les faux-fuyants ou les démonstrations de muscle de petit prétentieux n’impressionneront ni ne materont les contestataires que manqueront pas de récupérer les aigris d’avoir ramassé une veste.
Léon Razafitrimo