Le devoir de se taire
Que s’est-il passé hier ? Bien des choses qui ont paralysé la circulation en maints endroits ? Mais quoi donc ? C’était hier, mais aujourd’hui on n’a plus le droit d’en parler, ne serait-ce que pour rapporter simplement des faits et des évènements. Ah bon ! Il parait pourtant que… Taisez-vous malheureux, rien qu’en prononçant son nom dans ce lieu public vous risquez de leur donner un motif de le disqualifier. A la bonne heure, il s’agit d’un candidat que je souhaite voir battu. Drôle de mentalité que cette réaction de souhaiter la défaite de l’un de ces 33 candidats alors que l’on a l’opportunité de voter pour celle ou celui que l’on aimerait voir à la tête de l’Etat. Vous voulez rire ou quoi ? Y-a-t-il de ces trente-trois seulement une ou un seul que l’on verrait avec plaisir locataire durant cinq ans à Ambohitsorohitra ? Il est possible qu’il y en ait quelques deux ou trois candidats qui pourraient faire mieux que tous les précédents. Les précédents titulaires de poste ne peuvent servir de référence, et ce ne serait que mince consolation de se trouver tout juste médiocre au-dessus de nuls. Black-out donc à propos de ces gens-là et de leurs activités qui ont provoqué ces grands bouchons. Mais il n’y a pas eu qu’eux à avoir été la cause de ces embouteillages monstres. Une fois encore on ne peut passer sous silence ces charriots à traction humaine. Selon les règlements en vigueur du moins sur papier, la circulation de ce genre d’engin est interdite dans une grande partie des artères de la ville. Lettre morte en raison du règne de l’anarchie, à croire que les agents de circulation se moquent totalement des gênes que les charrettes provoquent, à moins qu’ils appréhendent les réactions de ces travailleurs de force, dont un bon nombre carburent au « rongony » pour résister aux dures conditions du chagrin qu’est leur gagne-pain. Des préposés à la circulation, vaut mieux ne pas en parler. Plus la circulation bloque, moins ils se démènent. On a eu l’impression en ce dernier jour de ramdam, que chacun des… a mis à profit pour lancer ses dernières forces dans la bataille, que les forces de l’ordre au contraire économisaient les leurs en vue d’un déploiement musclé le jour voulu. Le trio (armée, police, gendarmerie) n’est pas le seul à devoir mettre à profit ce jour de silence, que l’on ne souhaite pas être le symbole du calme avant la tempête, pour peaufiner les derniers préparatifs. Certains fokontany doivent cravacher dur, on sait que nombreux n’ont pas réussi à mener à bien la distribution des cartes d’électeurs et dans des bureaux plus de 50% s’entassent en monticules.
Léon Razafitrimo