Négociations sous conditions avec conditionnalités Deux stratégies opposées
La proclamation officielle des résultats par la Cour électorale spéciale sous quinzaine place la qualification des deux premiers sous conditions. Sur les 104 requêtes déposées près la Cour il en est quelques-unes relatives à des disqualifications. Rien d’officiel ne confirme ni ne permet d’infirmer les rumeurs qu’une ou plusieurs requêtes ont pour objet la disqualification de l’un des deux « champions » du premier tour, ces initiatives jusqu’à ce que la CES statue, tiennent en haleine les négociations en vue d’alliance pour le 2ième tour. Elles ne parviennent pas pour autant à garder en otage les préliminaires à ces négociations puisque, même si toutes les entreprises du genre s’accompagnent de précautions pour s’assurer d’une grande discrétion, les démarches des uns et des autres ne passent pas toutes inaperçues. On note actuellement une réelle agitation. Des deux côtés des « provisoirement qualifiés » chacun se hâte de soigner une image séduisante tout en tentant de dresser des passerelles à destination des candidats dont le soutien parait essentiel pour se ménager des chances de victoire. A l’autre extrême les mini-scores s’empressent de prendre contact avec l’entourage des champions, dans l’espoir de négocier une solution histoire de sauver les meubles. A bien y regarder le mieux placé au vu des résultats du premier tour n’a pas nécessairement la tâche la plus facile pour tenter de garder le même rang à l’issue du deuxième tour. A priori il a fait le plein des suffrages des indéfectibles du « croyez simplement », formule utilisée par Marc Ravalomanana, reprise allègrement par l’adepte dans l’espoir évident d’une égale réussite d’hypnose collective. Mais il reste toutefois une réserve de voix potentielles, celles de ceux qui n’ont pas eu accès aux urnes. C’est en effet des électeurs de cette sensibilité qui ont boycotté le recensement destiné à l’établissement des listes électorales. On peut croire que l’imperfection des listes pénaliserait en premier le candidat de cette sensibilité, mais pareillement il faut reconnaitre la part de responsabilité de ses électeurs dans cette imperfection des listes. Dans le camp adverse, on ne peut que noter une difficulté majeure, la somme des fâcheries qui divisent. Un simple calcul consistant à additionner les voix engrangées par des candidats de poids de la tendance qui a renversé Marc Ravalomanana, conduirait à conclure sur des chances sérieuses de leur candidat qualifié pour le second tour. Pourtant, s’il n’y a pas eu véritable rupture, il y a eu des sujets de discorde qui ont sérieusement fâché et provoqué de graves dissensions. Toutefois, les ressentiments ne sauraient résister à la réflexion sur les hypothèses possibles. Personne ne saurait garantir une cessation des hostilités entre les deux factions, style chasse aux sangliers et l’autre diabolisation de l’adversaire pour justifier une chasse aux sorcières. L’alternance au pouvoir se double ainsi d’une alternance à l’exil ou dans les prisons. Le statut de l’opposition se contente de belle théorie, la réalité se décline autrement, façon : « qui est contre mon projet, manifeste qu’il n’aime ni la patrie ni le développement », sic ! Le deuxième tour est aussi cynique que crucial pour les deux camps. Pour les électeurs le choix risque de se réduire à voter pour le moins « pire ».
Léo Raz