Vindicte populaire – Une pratique qui ternit l’image du pays
La justice populaire a toujours existé à Madagascar. Cela illustre à quel point les malgaches n’ont plus une confiance absolue en la justice de leur pays. C’est le résultat également, d’après une constatation générale, du dysfonctionnement de la justice ainsi que de la corruption généralisée. La population tend à croire que certains représentants de la justice ou des forces de l’ordre pourraient facilement accepter les pots-de-vin des malfaiteurs pour ensuite les relâcher, comme certains sont capables de le faire au niveau de la circulation des véhicules. Le nombre de récidivistes en action favorise également cette pratique malsaine. Les habitants préfèrent par conséquent se charger eux-mêmes de la sanction que mérite chaque bandit qu’ils surprennent. L’Etat reste totalement impuissant jusqu’à présent face à la recrudescence de cette justice populaire.
Acceptation tacite
Le lundi 17 octobre 2016, trois nouveaux présumés dahalo ont été arrêtés par les membres du fokonolona. Ces derniers leur ont directement coupé les mains, puis les ont attachés à un arbre comme preuve de la punition faite aux voleurs. La vindicte populaire est effectivement devenue une habitude pour la population malgache, notamment depuis le lynchage de trois personnes, dont deux français dans la ville de Nosy Be en 2013. Les forces de l’ordre font souvent le nécessaire pour arriver à temps et arrêter le massacre, mais le fokonolona est toujours beaucoup plus rapide. Les autorités ne trouvent pourtant pas de solution adéquate pour mettre fin à ce phénomène qui nuit au pays, d’ailleurs elles n’ont jusqu’à présent aucun moyen de stopper cette insécurité qui bouleverse la population. Le char qui sillonnait les rues de la capitale, hier, ou les centaines de gendarmes que l’Etat dispose ne sont finalement là que pour décorer les rues. Or, une justice populaire n’est-elle pas l’équivalent direct d’une forme de peine de mort ? La déclaration Universelle des droits de l’Homme stipule bien dans son article 3 que « tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne », et dans son article 5 que « nul ne sera soumis à la torture ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Comme on dit, le silence équivaut parfois à une acceptation tacite. L’Etat malgache serait-il dans ce cas, en accord avec ce phénomène, même après avoir aboli la peine de mort dans sa loi n°2014-035 ?
Athanase