Calmer le jeu, le devoir de tout homme d’Etat
Il ne fait pus de secret pour personne que la situation du moment présente de grands risques. Personne ne peut prétendre à pouvoir maîtriser la dérive vers un embrasement, ni même à savoir éviter le schéma de 2002 qui a scindé la société en deux, à l’époque l’animosité n’a même pas épargné les relations au sein du cercle des familles. Ce n’est pas aussi grave qu’une guerre intestine, mais c’est une ambiance stérile, peu favorable à un climat de développement. Plutôt qu’à vouloir chevaucher les montures d’un don Quichotte ou d’un autre Tintin pour expliquer par des discours délirants le sens du combat que l’on entreprend, afin que tout le monde comprenne qu’il s’agit d’une sorte de guerre totale provoquée par une inimitié profonde inextinguible sans la disparition de l’autre hors de la scène publique. Allons, Messieurs ! Le fait que toutes les opinions reconnaissent en ce second tour, un affrontement par procuration, ne devrait-il pas satisfaire les egos si surdimensionnés soient ceux-ci ! A vouloir plus, ça serait grave, aussi alarmantes que seraient des manifestations de signes de cas clinique. On n’en est pas là, heureusement ! Il est cependant plus que jamais temps soit de se ressaisir, soit de tenir les rênes des troupes pour tempérer les ardeurs contre des dérives belliqueuses alors que des tendances guerrières ressurgissent au galop. Si le pays a pu être épargné de la guerre civile, c’est à une population timorée à l’endroit des solutions extrêmes et à une armée peut-être guerrière mais sûrement peu belliciste, que l’on doit sinon une vraie paix du moins le non-éclatement d’une guerre. Seulement à tout il existe des limites, et à trop jouer aux petits soldats on finirait par s’y brûler les doigts et plus. Voici venir une autre opportunité pour que se manifestent des femmes et des hommes ayant l’envergure de véritable « homme d’Etat », d’une trempe de ceux que le pays n’a pas connus depuis longtemps. Ce deuxième tour se présente avec des conditions qui pourraient être menaçantes pour la paix civile. Il n’est plus temps de reculer devant les élections et s’il faut à tous prix les tenir, il faudrait à tous prix aussi les réussir sans danger. Pour les grands leaders le moment de réussir la démonstration que l’on appartient à cette race de seigneurs, et non du bois dont on fait des flûtes. Le statut d’homme d’Etat ne se décrète pas, encore faut-il faire la démonstration qu’on en possède les vertus. Vouloir s’autoproclamer constituerait un signe que l’on n’en a pas la stature.
Léon Razafitrimo