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Dimanche 24 Novembre 2024

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Paul Rabary – « La politique n’est pas un but mais un passage ! »

L’inamovible ministre de l’Education nationale était déjà présent dans le gouvernement de Kolo Roger et a ainsi pu traverser, sans aucune égratignure, plusieurs tornades et typhons. Selon les observateurs, il est aussi un membre influent du parti au pouvoir et a toute la confiance du locataire d’Iavoloha. Paul Rabary est notre invité pour la grande interview du jeudi.

 

Madagascar Matin : Monsieur le Ministre, vous êtes à la tête de ce ministère depuis l’avènement de la 4ème République. Quelles actions importantes pourriez-vous nous dire de vos réalisations ?

Paul Rabary : Un plan intérimaire pour l’éducation a été élaboré durant la dernière transition et nous avons adopté cette stratégie dans un premier temps tout en essayant de garder la tête hors de l’eau. Il faut savoir que durant la transition, l’éducation n’a obtenu aucun soutien de la part des bailleurs de fonds mais malgré cela, ce plan intermédiaire de l’éducation (Pie) a été décidé. Cela a permis de regagner la confiance de nos partenaires techniques et financiers d’où la formation d’enseignants durant deux années de suite dont 50 000 en 2015 et 60 000 cette année, la dotation en matériels informatiques pour les Cisco, les kits scolaires pour les élèves. L’objectif est évidemment l’amélioration de la qualité de l’enseignement, la facilitation de l’accès à l’école, un meilleur pilotage du système éducatif et aussi l’amélioration de la gouvernance.

En outre, l’éducation numérique n’est plus une utopie avec l’introduction des tablettes dans les Epp, les Ceg et lycées. Cela a été rendu possible avec la participation active du ministère des Postes, des télécommunications et des nouvelles technologies ainsi qu’avec notre partenaire Orange Madagascar.

 

 

 

Madagascar Matin : Dans votre secteur, ces 3 années sont émaillées de grèves, de mouvements des enseignants mais aussi des parents d’élèves. Pensez-vous quand même pouvoir rehausser le niveau de l’éducation à Madagascar ?

Paul Rabary : Cela ne peut vouloir dire qu’une chose : durant ces trois années, les enseignants ont pu s’exprimer. C’est déjà positif. Il est clair qu’on ne peut toujours pas s’entendre sur tout, même entre enseignants eux-mêmes. Je peux prendre l’exemple d’un enseignant Fram qui a travaillé durant 35 ans et celui qui a fait une formation de 2 ans, ainsi que celui sorti de l’école supérieure qui a suivi une étude poussée de 5 ans. Pour être réellement fonctionnaire ou recruté, il faut évidemment un temps pour une formation pratique mais aussi pour le stage. Et dans ce cas, les besoins ne sont pas les mêmes, ni la motivation, et encore moins les catégories. Concernant les indemnités, l’enseignant Fram reçoit 30 000 ariary, s’il n’est pas subventionné et 110 000 ariary dans le cas contraire. D’un autre côté, les raisons mais aussi la nature de ces grèves ne sont toujours pas les mêmes durant ces trois années et pour nous, il faut évidemment savoir gérer les priorités puisqu’on ne peut tout faire à la fois. En 2014, l’objectif est de recruter jusqu’à 70% des enseignants Fram pour un autre objectif : en 2018, 75% de nos instituteurs et professeurs seront fonctionnaires.

 

Madagascar Matin : Cette semaine, des décisions ministérielles font aussi jaser si on fait référence au cas du lycée Resampa d’Antsirabe ou encore le cas de l’Epp Ankaraobato. Ne pensez-vous pas que vous mettez vous-même la corde au cou ?

Paul Rabary : A Madagascar, nous avons 30 000 écoles. Pour le cas d’Ankaraobato, des enseignants sont fâchés contre le directeur de cette école. Il est ainsi normal de constater que les parents le sont aussi. Pour le cas d’Antsirabe, le proviseur a atteint l’âge limite et doit partir en retraite. Mais le concerné ne l’accepte pas et va jusqu’à dire qu’il a le pouvoir de désigner son successeur. En général, beaucoup ne comprennent pas les mécanismes qui régissent l’administration publique mais il est vrai qu’il est de notre devoir de le faire savoir. L’Etat n’a pas de compte à rendre à ce proviseur même s’il arrive que le ministère consulte le concerné et aussi son entourage. Encore une fois, c’est la preuve que le système de gouvernance mérite d’être amélioré.

 

Madagascar Matin :  Vous êtes membre du bureau politique du parti politique au pouvoir, le Hery vaovao ho an’ny Madagasikara (Hvm). Les prochaines élections seront les régionales et les provinciales mais une chose est sûre, votre parti politique semble être dépassé par les différentes crises sociopolitiques. Le Hvm sera-t-il dans la course ?

Paul Rabary :  Je ne ferai aucun commentaire à ce sujet puisque je constate que la gestion des affaires de l’Etat évolue. Le président de la République a, par exemple, nommé des ministres qui ne sont pas issus du Hvm. Dans mon département ministériel, nous avons des directeurs issus d’autres formations politiques comme le Tim ou le Mapar. Il est formellement interdit de jouer avec le secteur de l’éducation en y mêlant la politique politicienne. Par contre, il est normal qu’il y ait un certain rapport de force dans une Nation. Les gens pensent que dès qu’il y a une manifestation, cela ne peut que conduire à la destitution du régime en place. Quand des forces politiques appellent à une table ronde, cela ne peut forcément vouloir dire aussi qu’aucune réponse ne vient de notre part. On peut aisément débattre de la démocratie au sein de l’Assemblée nationale, par exemple. Et bien sûr, la démocratie peut aussi vouloir dire respect du mandat obtenu par la voix du peuple, sinon on va encore naviguer dans les eaux de l’extra-constitutionnel. Dans ce cas, le financement des bailleurs de fonds sera coupé et le pays  mis au ban de la communauté internationale. A mon avis, le président de la République reste ouvert au débat et de toute façon, nous sommes tous appelés à travailler ensemble.

 

Madagascar Matin : Un journal a parlé de votre candidature à la présidentielle de 2018. Maintenez-vous cette ambition ou seriez-vous le dauphin de l’actuel président de la République ?

Paul Rabary : Je n’ai et je n’aurai jamais une ambition présidentielle. Je suis fidèle et loyal et je ne cherche pas à tout prix les fauteuils dorés comme certains politiciens qui pensent qu’une fois hors du système, on retourne sa veste en appelant le peuple à la révolte. Je suis enseignant à l’Université et j’y retournerai quand je ne serai plus membre du gouvernement. Pour moi, la politique n’est pas un but, c’est un passage. Si notre mandat sera renouvelé, je reste à mon poste ou je redeviendrai conseiller du président de la République. C’est peut-être la stratégie que j’utilise pour diriger ce ministère qui fait peut-être tiquer les gens. Je suis cool, et quand je vais en province, je demande à ce qu’aucun comité d’accueil ne soit créé. Je n’ai pas de garde-du-corps, et je suis le seul ministre qui n’a pas acheté de nouvelle voiture par le biais de mon ministère. Autant de raisons qui font dire n’importe quoi à des malintentionnés.

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