Dans la garde-robe
Le buzz de l’ananas-gate a fait son temps et personne n’en parle plus depuis deux siècles déjà. Le coup du discours plagié lui aussi a été définitivement rayé des livres d’histoires, comme le cas des autres âneries et bêtises des tenants du pouvoir actuel. Mais cette nouvelle histoire date à peine de quelques jours pour être déjà oubliée des mémoires, et trop grosse pour qu’on n’y revienne pas. On parle bien là de la sortie des « blindés » de l’armée et de la gendarmerie malagasy à l’occasion d’un jour qui n’était pas le 26 juin. Les simples citoyens en sont restés sans voix, on imagine facilement aussi la réaction des étrangers de passage dans la capitale à la vue de ces antiquités sortant tout droit des cavernes du Moyen Âge. Le premier responsable de la gendarmerie nationale de la Région Analamanga, le général Florens Rakotomahanina, a signifié l’importance de la sécurité des invités du Comesa. C’est la raison de la sortie des véhicules blindés, ainsi que les piquets de militaires, de gendarmes et d’agents de la police nationale, vus un peu partout d’Ampefiloha à Ivato. C’est en quelque sorte, un avant-goût de ce qui se passera à Antananarivo, durant le sommet de la Francophonie.
Dans notre édition d’hier, nous avons souligné le fait que « pour ce sommet du Comesa, les dirigeants semblent avoir pris des mesures draconiennes pour impressionner *ses hautes (…) depuis quelques jours des milliers de militaires ont été mobilisés pour cette occasion. Un nombre susceptiblement* égal au nombre de poteaux que compte la route digue, au nombre de carrefour et d’intersection que compte le centre ville et les périphéries. Il y a même été constaté des embouteillages la nuit, aucun taxi et aucun 4×4 ne passe sans s’arrêter aux nombreux barrages dressés par la police. Le comble de l’abus est sans nul doute la présence de, tenez-vous bien, tank dans les rues de la capitale. Dans quelles mesures un char de combat pourrait servir ici à Antananarivo ? Contre qui pourrait-il être employé ? Le fait est que l’on se situe en agglomération et qu’il n’y a donc aucune logique dans le déploiement de ces chars de combat, qui d’ailleurs datent des années 1960. » Des chars qui n’ont strictement servi à rien et n’auraient bien évidemment servi à rien même en cas d’attaque. C’est en toute logique donc si les invités du 19ème sommet du Comesa se sont demandés à quoi l’Etat joue. Idem pour les citoyens qui n’ont toujours rien compris jusqu’ici. Mais comme l’a fait savoir le Général Florens Rakotomahanina, il s’agissait d’une question d’importance capitale à savoir la sécurité des invités du Comesa.
A se demander où était le Général Florens Rakotomahanina quand il s’agissait de la sécurité des milliers de malgaches venus fêter le jour de l’indépendance le 26 juin dernier à Mahamasina. Une célébration qui a fait deux victimes innocentes et de surcroît, les malfaiteurs n’ont toujours pas été retrouvés à l’heure qu’il est. Pire encore, le sud de Madagascar est condamné à subir les actes des dahalo, de « grands bandits » selon les forces armées malagasy. Or, ces grands bandits continuent encore et toujours à faire la misère aux habitants de la région sud de notre pays. Qui soulignons-le ont déjà leur lot de malheur avec la famine et la sècheresse devenues un phénomène quasi-constant. A cela, le Général Florens Rakotomahanina a également une réponse : « d’autres véhicules blindés sont également utilisés en ce moment, pour la lutte contre le grand banditisme .» Mais force est de constater que comme pour la capitale, ces blindés ne servent à rien dans le Sud. Seulement à augmenter les dépenses de l’Etat. Au final, on arrive à la conclusion que l’Etat lui-même ne sait pas ce qu’il faut faire, ce qui est nécessaire, ce qui est prioritaire, ce qui est accessoire et enfin ce qui est inutile. Pour finir cette fois ci, car nous y reviendrons encore sûrement, le fait est que le Général Florens Rakotomahanina a clairement fait savoir qu’il s’agit d’un avant goût du sommet de la Francophonie dans à peu près un mois. En se référant aux défilés des 26 juin qui se sont succédé, Madagascar et son armée ne disposent pas d’autres atouts ni d’autres matériels au-delà de ces chars vieux de 200 ans. Il ne serait donc pas faux de dire qu’après l’ananas-gate, un discours déjà emprunté ailleurs et enfin le coup de ces chars, l’Etat n’aura plus rien dans la garde-robe.
Ny Aina Rahaga