Ahurissant, c’est le moins qu’on puisse dire de cette opération « permis de construire sans amende » organisé par la Commune urbaine d’Antananarivo (Cua).

En effet, plus 800 permis de construire ont été distribués par les responsables de la Cua  en seulement une semaine de par l’opération qui a été lancée. Or, cette opération est censée durer jusqu’au 25 octobre prochain, soit dans encore cinq jours. Ce qui pourrait donc doubler ce nombre et le porter à 1600 permis de construire en tout. Il faudrait rappeler que le but de cette opération est de permettre aux habitants de la ville de légaliser leurs situations vis-à-vis de la Commune en se dotant d’un permis de construire. Ainsi, le permis sera valable que ce soit pour les constructions en cours ou celles déjà effectuées sans payer d’amendes. Il s’agit également de diminuer le nombre de constructions illicites dans la ville des Mille selon toujours les responsables au sein de la Cua. 800 permis de construire et plus en une semaine seulement, avec une marge d’une semaine de plus, la Cua semble s’être lancée dans une sorte de bonne action qui ne sera pas sans répercussion pour Antananarivo.

Un autre problème

En effet, habituellement, la Cua octroie à peu près seulement 400 permis de construire par année. Le nombre vient donc d’être atteint au moins pour les trois prochaines années à venir, hormis ceux qui ont régularisé leurs situations.  Pourtant, la ville ne dispose toujours pas officiellement d’un plan d’urbanisme. Les dirigeants au sein de la Cua semblent passer carrément à côté du problème prioritaire actuel de la capitale actuellement. Il s’agit de la montée des eaux durant la saison pluviale de cette année. La première pluie cette année a en effet démontré qu’Antananarivo a de quoi se faire du souci pour cette fois. De nombreux quartiers de la ville ont été inondés la semaine dernière sans que la Cua ne réagisse, prouvant que cette dernière n’a point pris en compte la maintenance des canaux d’évacuation de la capitale en prévision des jours de pluies. Le nombre de permis octroyé par la Cua ne sera pas pour faciliter les choses. Car on peut bien supposer que quelques-uns de ces constructions se trouvent dans les zones inondables et mêmes pourraient obstruer les canaux de la ville. En ce moment, les fokontany des bas quartiers de la ville font appel aux responsables quant à ce problème d’inondation. En effet, ces derniers se chargent eux-mêmes de la maintenance des canaux d’évacuation alors que c’est à la Cua qu’incombe cette responsabilité. Dans tous les cas, il s’avère encore une fois qu’au sein de la Cua, personne n’est réellement apte à répondre aux besoins de la capitale.

Régis Kabary