Tractations en suspens
Diverses hypothèses restent encore possibles, du moins quelques candidats n’éliminent pas encore la possibilité de leur qualification pour le deuxième tour. Les résultats partiels permettent de dégager une tendance, mais tous ne se résignent pas à considérer une tendance à mi-parcours comme définitive et irréversible, quoi qu’un tel renversement puisse d’ores et déjà devoir créer une surprise. Si donc il semble peu réaliste de tabler sur un bouleversement de la hiérarchie établie par les résultats actuels, il serait prématuré d’entreprendre des tractations concernant des alliances éventuelles, d’autant que ces alliances non seulement se présentent comme indispensables aux deux qualifiés quels qu’ils soient, mais de plus en considération de l’âpreté du ton en raison des circonstances qui ont conditionné l’environnement de nombre de candidatures, les négociations promettent une rudesse à l’égal. Une fois encore l’absence d’idéologie pour démarquer les camps entre eux mettra en relief les faiblesses et la vanité du fonctionnement politique local. Tout se réduit à des questions de personnes, une telle ou un tel à quelques exceptions près n’étant que le porte-drapeau de sa propre personne ou cette fois-ci d’une tierce personne disqualifiée pour une participation à cette épreuve. Il reste malgré tout une évidence incontournable, l’un des qualifiés appartiendra à la clique qui a été démise de l’exercice du pouvoir en 2009, l’autre aura participé de près à la gouvernance de la Transition. L’essentiel se réduirait à trancher entre ces deux camps adverses voire ennemis. La stratégie consisterait principalement non tant à constituer un môle pour le retour du camp avant la crise, ou pour les adversaires à oindre d’une légitimité des urnes le mouvement des revendications de 2009. Ces stratégies ne garantissent pas nécessairement une victoire, alors que la tentation de créer un mouvement « tous contre… » donnerait plus la coloration d’un combat et l’entrain pour le mener voire alimenterait d’une sorte de rage les militants pour aller au front. Rien que ce vocabulaire présage déjà d’un schéma de guerre. Les « gueules cassées », ainsi que l’on qualifie les combattants rescapés qui portent les stigmates de la déflagration, seraient la population et l’économie. Il n’existe cependant pas d’autre solution, ainsi en a décidé le peuple par les urnes au premier tour. On peut accuser la classe politique d’avoir masqué ce schéma et d’avoir piégé le peuple qui a chuté dans ce règlement de comptes. C’est sans doute important de se débarrasser de cette histoire qui réduit l’essentiel à l’inimitié entre deux factions. Mais le K.O. debout de l’une lors des résultats définitifs du 2ième tour ne signifiera pas que l’autre désarmera. Le combat continue, la crise aussi. Les élections, comme porte de sortie selon la conviction d’une grande majorité menacent à l’avance de n’avoir été qu’un mirage. Seul peut-être un K.O. définitif de l’un par une victoire massive de l’autre sifflerait à jamais la fin de ce duel insane.
Léon Razafitrimo.