Un pari risqué de Rajaonarimampianina – Priorité çà la lutte contre la pauvreté
Le dire à la manière du candidat Hery Rajaonarimampianina parait très ringard. La manière ne fait plus tendance, soit parce que ça n’exprime pas suffisamment la détermination, soit simplement parce que ça fait un peu Jocrisse ou Don Quichotte. La pauvreté étant pire que les moulins à vent, le pari d’en faire de la lutte une priorité rend le pari hasardeux. De toujours depuis l’Indépendance les hommes et leurs organisations qui se sont succédé au pouvoir, autant que les opposants ont rivalisé de discours et de soi-disant plans d’action pour combattre la pauvreté. Le sujet concerne plus de trois nationaux sur quatre, et si Hery Rajaonarimampianina a de nouveau réveillé cette vieille lune, ça devrait toujours intéresser la majorité. Seulement les gens ont fini d’y croire, c’est qu’ils ont déjà donné. Le scepticisme se justifie du simple fait qu’invariablement juste derrière les promesses, une fois la confiance de la population acquise, le discours annonce la première étape, sacrifices, serrer la ceinture et encore sacrifices. Que la population l’accepte ou s’y oppose, les premières mesures tombent très vite en ce domaine. De ces périodes de carême, on n’en a jamais vu le bout, et jusqu’à présent on avance dans un tunnel et nombreux ont perdu l’espoir d’en sortir un jour. Et plus on s’enfonce, plus la population perd tous les repères, s’abandonne et se relâche : dévoiement des mœurs, recrudescence de la délinquance, explosion du banditisme… Une fuite en avant de la société. Plus les gens ont accordé intérêt au discours de la lutte contre la pauvreté et adhéré au préambule d’une période de sacrifices, plus les écarts entre une infime minorité de familles privilégiées de plus en plus aisées et une majorité de foyers de plus en plus miséreux se sont creusés. Le combat auquel Hery Rajaonarimampianina s’engage à s’atteler dès son accession à la tête de l’Etat constitue une gageure que complique la nécessité d’obtenir rapidement des résultats. La lutte contre la pauvreté nécessite des dispositions autres que des mesures ponctuelles pour soulager de la misère et entretenir les pauvres dans leur état. Le pays a déjà connu du temps une période durant laquelle l’Etat a délégué au chevet des pauvres une sorte de « petite sœur des pauvres ». L’action sociale est en passe de faire tendance, les initiatives du genre abondent en période électorale, alors qu’en temps normal (y compris en temps de crise) on laisse ce type d’activités à ceux qui parviennent à les organiser avec l’argent d’autrui. La candeur dont fait preuve Rajaonarimampianina en en parlant de façon technique plaide pourtant en sa faveur, si bien que l’on est tenté de lui accorder crédit.
Léon Razafitrimo