Une courtoisie républicaine
François Hollande Chef de l’Etat Français et Nicolas Sarkozy le prédécesseur à cette même fonction voyageant dans le même avion, celui affecté à la Présidence, une image qui agrandit l’un et l’autre. François Hollande en invitant son prédécesseur à l’Elysée à prendre place dans l’avion présidentiel, et Nicolas Sarkozy en acceptant l’offre, ont contribué tout autant à donner aux yeux du monde l’idée d’une République républicaine de la France. Il existe des républiques qui ne le sont pas. Difficile de dire que les deux hommes s’adorent, mais il est des circonstances où pour la grandeur du pays, les hommes qui possèdent ce que l’on appelle le sens de l’Etat s’efforcent à se dépasser et à taire leur petit sentiment et même leur grand ressentiment. Paris-Johannesburg, c’est quelques dix heures de vol, possible que les deux hommes voyagent côte à côte dans la cabine présidentielle, en tous cas on peut penser qu’ils partageront quelques instants sans les consacrer ni à des banalités ni à des échanges de vacheries dont ils possèdent pourtant le secret et l’art autant l’un que l’autre. En terre du disparu, qui de son vivant a incarné le réalisateur d’une Réconciliation modèle, et qui ayant à peine fermé les yeux entre déjà dans l’histoire pour en être le symbole, il est une manière de lui rendre hommage de façon remarquée que cette arrivée de Hollande et de Sarkozy par le même avion. On ne va pas demander une démonstration de tant d’humilité de la part des chefs de mouvance du pays, le pays n’est peut-être pas à feu et à sang, pour n’être banalement qu’à terre, mais certains se comportent toujours comme des chefs de guerre portant les haches en menace. Hasardeux voire injurieux de penser qu’il n’est question que d’hypocrisie sur ce qui se passe entre Hollande et Sarkozy, il n’est question que d’une élévation au-dessus des contingences des intérêts personnels et partisans au bénéfice des intérêts supérieurs du pays. Considération étrangère à la pratique ou même à la compréhension d’une grande majorité de la classe politique locale. Il n’y en a pas un qui oublie de prétendre en discours les motivations de ses actions ayant pour seul objectif le « bien commun », mais c’est que pour la plupart le « bien commun » n’est qu’un concept nébuleux qui arrose en premier les intérêts particuliers. La seule prière que l’on demande au très Haut d’exaucer, ce n’est pas tellement de trouver une sorte de grand homme présentant les qualités d’un homme d’Etat, mais de mettre dans les rangs un simple honnête homme possédant le sens de l’Etat. L’un ou l’autre en serait doté que là se trouverait la seule chance du pays. Encore que cela serait, faut-il encore que l’ensemble des électeurs sache séparer le bon grain de l’ivraie.
Léon Razafitrimo