Chacun sa contribution
Le nouveau projet de loi des finances pour l’année à venir a fait couler énormément d’encre la semaine dernière, surtout en ce qui concerne les nouvelles taxes qui seront imposées aux contribuables à partir du jour du nouvel an. Les députés de Madagascar avaient d’ailleurs convoqué le ministre des Finances à l’Assemblée nationale, Gervais Rakotoarimanana, dans le courant de la semaine, à deux reprises. Mais malheureusement, le ministre des Finances ne s’est présenté qu’une seule fois au palais de Tsimbazaza, estimant peut-être qu’il n’était pas nécessaire pour lui d’y aller une seconde fois. Pour la seule fois où il a daigné répondre à l’invitation donc, les députés de Madagascar ont demandé à celui-ci, lors d’une séance à huis clos, de s’expliquer sur l’avant-projet de loi des finances 2017. Mais cet avant-projet de loi n’a pas fait réagir que dans les institutions. Les citoyens eux-aussi se sont interrogés surtout sur ces nouvelles taxes et leur raison d’être.
Le projet de loi des finances 2017 prévoit plusieurs dispositions fiscales, allant même jusqu’à faire payer des animaux. Ridicule me diriez-vous, mais il en sera sûrement ainsi du fait que le régime, on en sait comment, dispose d’une « majorité » au sein de la Chambre basse du parlement. Donc, sauf en cas de miracle, nos animaux ne seront plus épargnés par le fisc. Les propriétaires de chiens et animaux dangereux domestiqués doivent payer auprès de la commune la taxe de protection civile. « La taxe est due par le propriétaire du ou des chiens ou animaux dangereux domestiqués, d’armes blanches au 1er janvier de l’exercice d’imposition ou, s’il n’est pas connu, par leur détenteur à cette date », définit le projet de loi des Finances 2017 à propos de cette disposition fiscale. Toutefois, les chiens des personnes âgées de 60 ans et plus ou des couples dont l’un des conjoints est âgé de 60 ans et plus, à raison d’un seul chien par personne et par couple, sont exemptés de cette nouvelle mesure fiscale. Il en est de même pour les chiens des personnes atteintes d’une infirmité permanente physique reconnue par un médecin d’Etat, à raison d’un chien et de deux au plus lorsqu’ils servent à les conduire. Les chiens policiers ou autres, détenus en exécution de règlements émanant d’autorités publiques, ne sont pas non plus concernées par cette taxe de protection civile. Une nouvelle taxe que sera la taxe de résidence entrera également en vigueur le premier janvier prochain.
Certes, le pays est pauvre et sa population l’est encore plus. Pourquoi ? Car si pour le pays, il ne s’agit que d’une affaire de produit intérieur brut, de revenu par habitant et d’autres variables calculés en moyenne, pour la population le problème est tout à fait différent. En effet, en ne parlant que de l’éducation, nombreux sont les enfants malgaches qui sont malgré eux privés des enseignements scolaires et destinés de fait à mendier dans la rue ou travailler dans les carrières pour plus tard finir tireurs de charrette ou de pousse-pousse. On ne parle même pas du système de santé qui reste inaccessible à de nombreuses mères et enfants malgaches. Qu’en est-il de l’insécurité qui menace chaque famille du matin au matin du lendemain, durant les 7 jours de la semaine pour les 52 semaines que durent l’année. Même pour le premier jour de l’an où ces nouvelles taxes entreront en vigueur, la population malgache ne sera pas en sécurité, loin de là.
Si ailleurs, on essaie par tous les moyens de faire payer plus d’impôts aux riches, à Madagascar, on n’hésite plus à taxer les plus pauvres. Même s’il s’agit de seulement 5000 Ariary, il faut savoir que de nombreux foyers malgaches ont du mal à trouver ces 5000 Ariary en une journée. De ce fait, deux jours de rations devront pour certains être reversés à la Commune. Seulement, on incite les citoyens à la vigilance, car comme on dit un train peut en cacher un autre, et pour ne pas finir écraser, la prudence est de mise face à cette loi de finances de 2017. Mais comme on est tous des contribuables, on devra s’y soumettre. Et faire de mieux pour ce pays qui attend que ses citoyens réagissent et le fasse sortir du trou noir dans lequel on l’a plongé. Comme cet homme qui peignait les plots le long de la route de Soanierana hier dimanche, en vue de la Francophonie sûrement, c’est chacun sa contribution.
Ny Aina Rahaga