Un des hauts dignitaires de l’Etat et responsables étatiques avait parlé hier d’une chose qui semble absente ou éclipsé à Madagascar en ce moment. Alors qu’il s’agit bel et bien d’une des choses cruciales qui font d’un pays ce qu’il est et surtout qui déterminent les citoyens de ce pays et de fait donc son avenir. Il s’agit de l’éducation citoyenne tout simplement. De la citoyenneté, nous en avons parlé à maintes reprises sans toutefois aborder ce qui semble aujourd’hui être le déterminant d’une société. « L’exercice de la citoyenneté se situe au carrefour d’appartenances socioculturelles diverses et des valeurs universelles qui fondent les droits humains. L’éducation à la citoyenneté a pour but de construire des repères communs compris et acceptés de tous. Elle doit permettre à chacun(e) de devenir acteur de la société ». Il s’agit inévitablement de la base même d’une nation, de la sensation d’appartenance des citoyens et donc de la survie du pays tout entier. Sans quoi il serait utopique de penser ne serait-ce qu’un seul instant à un quelconque développement. La définition usuelle qu’on donne à l’éducation citoyenne, à l’éducation à la citoyenneté est la suivante : « l’éducation civique est le nom généralement donné à l’enseignement se faisant dans les écoles, collèges et lycées concernant la citoyenneté et les valeurs qu’un système éducatif veut diffuser. Il diffère selon les pays et selon les époques. Il a auparavant été question d’enseignement de la morale. ».

Mais outre cette définition ‘toute faite’, outre un statut juridique et des rôles sociaux, la citoyenneté se définit aussi par des valeurs. On peut évoquer au moins trois, traditionnellement attachées à la citoyenneté. En premier, on parlera de la civilité qui est d’une attitude de respect, à la fois à l’égard des autres citoyens comme à travers la politesse, mais aussi à l’égard des bâtiments et lieux de l’espace public ce qui permettra une plus grande harmonie dans la société. En second, le civisme qui consiste à respecter et à faire respecter les lois et les règles en vigueur, mais aussi à avoir conscience de ses devoirs envers la société. C’est agir pour que l’intérêt général l’emporte sur les intérêts particuliers. Enfin, on parlera de la solidarité qui a aussi son importance. Dès lors que les citoyens, dans une conception classique, ne sont pas de simples individus juxtaposés, mais un ensemble d’hommes et de femmes attachés à un projet commun, la solidarité tient son importance. Dans un cadre plus concret, la solidarité consiste à venir en aide aux plus démunis, directement ou par le biais des politiques publiques très directement liées à la notion de citoyenneté.

Le fait est que la citoyenneté et l’éducation citoyenne ne sont pas l’affaire d’une seule personne, ni de l’Etat uniquement. Nombreux sont ceux qui ont le devoir d’assurer l’éducation des citoyens d’un pays. Que ce soientt les dirigeants, les organisations de la société civile, la presse et les médias ou même l’école et le système éducatif, tous sont responsables par rapport à cela.

Schématiquement, l’éducation à la citoyenneté s’exerce dans trois champs au minimum. Tout d’abord, il y a la citoyenneté et l’école. On part de la nécessité du vivre ensemble à inculquer à chaque génération et dès que ces derniers peuvent être conscients des enjeux que cela représente. S’impliquer à l’échelle du groupe, de la classe et de l’établissement scolaire à travers des structures participatives et la pratique du débat démocratique pourraient déjà servir par exemple à apprendre aux plus jeunes ce que signifie réellement être citoyen. Pour qu’ils ne soient pas de simples spectateurs jusqu’au moment où ils iront aux urnes sans savoir réellement ce qu’il en retourne. Il est nécessaire de leur faire connaître les droits et les responsabilités des citoyens mais aussi des droits et responsabilités de tout un chacun dans les institutions gouvernantes. Sur ce volet, il est important que chaque citoyen connaisse les institutions locales, nationales et internationales dans le but de participer à leur développement. Mais également pour pouvoir exercer les droits et les responsabilités définis dans ces cadres institutionnels. Enfin, il s’agit de comprendre les enjeux de la citoyenneté non seulement au niveau national mais aussi en considération du fait que l’on se trouve dans l’ère de la mondialisation. Aussi ne faut-il pas perdre de vue son identité culturelle ou son appartenance à une nation. Sans pour autant que l’on se renferme face aux autres mais plutôt pour mieux apprendre des autres et en tirer profit.

A l’heure qu’il est, les malgaches sont encore à l’heure où jeter les ordures par terre, alors qu’une autre personne venait de nettoyer, ne pose problème à personne. Au contraire, c’est celui qui osera dénoncer cet acte qui sera qualifié de snob ou on ne sait quoi d’autre. Certes, il est là un exemple des plus communs, mais il faut comprendre que la citoyenneté commence par ces petites choses. On ne prétend pas aimer son pays tout en lui pissant dessus.

Ny Aina Rahaga