Un choix cornélien, en rançon du soutien
On ne change pas une équipe qui gagne, faut-il interpréter la mise en touche de Mamy Rakotoarivelo comme une application à contrario de cet adage ? Du reste est-ce vraiment un signe de disgrâce ? Que ce ménage que l’on opère dans l’organe de direction intervienne au lendemain des résultats provisoires mais officiels de l’élection présidentielle montre que l’on entend durcir le ton et poser une nouvelle stratégie. Le motif que l’on invoque pour opérer ce changement ne convainc évidemment pas, telle est la finalité même de tout motif bidon, ainsi l’opinion se doute qu’il existe des raisons plus sérieuses derrière. Mamy Rakotoarivelo ne possède ni les manières agressives, ni le tempérament d’un guerrier. Or dans l’équipe de J-L Robinson il existe une frange de têtes brûlées d’un jusqu’auboutisme à tous crins qui veulent en découdre quel qu’en soit le prix, de vrais va-t-en-guerre qui n’ont cure des éventuelles conséquences néfastes que ça peut engendrer pour la population et pour le pays. Mais dans les rangs des partisans et parmi ceux qui ont apporté leur soutien au candidat Robinson lors du 2ième tour il se trouve une tendance importante de « modérés ». La déclaration de Madame Saraha Georget Rabeharisoa est significative en ce sens. Un appel au calme qu’elle adresse à toutes les tendances mais qui en réalité constitue une déclaration de refus de solidarité pour toute initiative qui tente de franchir la ligne de démarcation entre légalité et non-droit. Les rumeurs et les réseaux sociaux véhiculent déjà tant de bruits concernant des troubles. Intox et menaces s’y mêlent pour entretenir un climat de tension extrême dans l’opinion. De ce point de vue l’opération a réussi, mais à l’inverse cette initiative accumule des réactions de réprobation de la part des gens qui se défendent de pencher dans un sens ou dans l’autre, mais qui sont outrés par cette détermination irresponsable menaçant de mener à une situation de terre brûlée. Marc Ravalomanana y semble résolu, et donne l’impression de vouloir lancer ses troupes au combat à cette fin. Le pauvre Jean-Louis Robinson, dit-on, ne sait plus où donner de la tête, comme quelques 40% des voix sur les 46% que les résultats lui attribuent, soit au moins 90% de celles qu’il a engrangées il les doit à l’homme de Johannesburg, il aurait mauvaise grâce à refuser de s’aligner, il en est tributaire, mais il ne se sent pas pour autant l’âme d’un kamikaze. Aller jusqu’au bout risquerait de transformer la candidature à la présidence en une candidature à l’exil ou à effectuer un séjour sur la paille humide. Décidément les gens ne sont pas gentils, ils suspectent encore J.L.R. de se soucier davantage des risques personnels qu’il encourt, plutôt qu’à prendre compte du danger qui menace le pays.
Léon Razafitrimo