Risque de scission dans la mouvance Ravalomanana – Apparition d’une tendance modérée
Un recours auprès de la SADC a-t-il des chances de produire des effets autres que ceux que l’on peut attendre de la procédure prévue ? Dans les rangs de la mouvance on sent poindre le doute sur la stratégie adoptée pour contester la victoire annoncée de Hery Rajaonarimampianina. La foi sans limite ni condition dans la procédure des recours auprès de la Cour Electorale Spéciale n’est-elle pas entière pour que l’on entreprenne d’autres initiatives, s’interrogent les militants à Magro. Non cette foi n’est pas totale. La démarche dès le départ pèche par ambiguïté. Le discours au moment du dépôt des requêtes repose sur une double attitude : on concentre tous les efforts à développer les arguments et à multiplier les dossiers, c’est une marque de confiance à l’endroit de la C.E.S. Parallèlement on engage sinon un procès d’intention contre cette juridiction au moins on exerce une sorte de pression intolérable sous forme de menace d’une accusation : « si la C.E.S. ne tranche pas en faveur de nos conclusions elle nous aura volés ». Il est vrai que de grands juristes ont aidé à concocter les dossiers, mais cette dernière considération qui préjuge comme obligatoire le verdict nuit sensiblement à la notoriété de ces juristes. Toutes ces sortes d’initiatives compliquent quelque peu la compréhension des militants qui se rapportent uniquement au mot d’ordre devenu slogan : « osez et croyez tout bonnement ». Au sein du collège des dirigeants et des organisations qui se sont ralliées en soutien à la candidature de Robinson se manifestent des contestations au jusqu’auboutisme annoncé par Marc Ravalomanana lui-même. Par rapport à cette aile dure que l’on serait tenté de qualifier de faucon, nombreux sans prôner une politique de « colombe » traînent des pieds et n’entendent pas suivre cette stratégie manifestant une détermination qui rejette toute possibilité de revenir en arrière, une fuite en avant. Cette fracture qui se dessine à l’intérieur même de la mouvance, n’est que le reflet d’une tiédeur qui a supplanté une ardeur combative chez les sympathisants favorables à la sensibilité Ravalomanana. Même en l’absence de sondage fiable, il est quand même perceptible que la population est lasse de crise et s’effraye d’une perspective de troubles. Provoquer des troubles risque de se transformer en arme à double tranchant, l’opinion publique pourrait en majorité condamner les fauteurs, mais nombreux iraient peut-être jusqu’à rentrer dans la bagarre uniquement pour combattre les troublions. Une fois de plus les adversaires réussiraient alors à le pousser à la faute, jusqu’à prouver à posteriori qu’ils avaient raison de lui interdire le territoire, décision qu’ils pourraient prolonger cinq ans de plus en justifiant sur ces troubles cette éventuelle mesure.