Cour Pénale Internationale – Neuf décisions sur dix concernent les Etats africains
Assurer les répressions par rapport à des crimes graves comme les actes de génocides ou de violations graves du droit humanitaire. Tels sont, entre autres, les objectifs du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies. Pour ce faire, cet organe peut saisir la Cour Pénale Internationale (Cpi). Selon Daniel Dormoy, Professeur de Droits Internationaux à l’Université Paris-Sud, Professeur au Centre d’Etudes Diplomatiques et Stratégiques (Ceds) Paris et Conférencier à l’Ecole Militaire de Paris, neuf sur dix décisions prises au niveau de cette Cour portent sur des affaires africaines. « En ce qui concerne Madagascar, aucune affaire lui concernant n’a été soumise à la Cpi, et le pays n’a déposé aucune plainte », a déclaré le Vice-Amiral Lucien Rakotoarisoa, Directeur du Cabinet du Secrétariat d’Etat chargé de la Gendarmerie Nationale, hier lors d’une conférence portant sur le thème « Les compétences du conseil de sécurité en matière de répression pénale internationale ». Cette rencontre, organisée à Soarano par la 13ème promotion du Ceds Madagascar, a également marqué le début de l’année académique 2016-2017 dudit établissement.
Réticence collective
Les pays africains ont apporté leur contribution dans la mise en place de la Cpi ; pourtant, aujourd’hui un comportement de réticence est observé de leur côté. En effet, l’Union Africaine a demandé à ses pays membres de se retirer de la Cpi. Actuellement, ce processus est en marche car, en effet, le 19 octobre dernier, l’Afrique du Sud a notifié son retrait. Une semaine plus tôt, le Burundi a adopté une Loi allant également dans ce sens, et la Gambie a entamé les procédures de son retrait le 24 octobre de cette année. Selon Daniel Dormoy, d’autres retraits sont prévus, mais il annonce par ailleurs que cette initiative vient surtout des Chefs d’Etat menacés dans le cadre d’une affaire traitée par la Cpi. Celle-ci pourra par la suite ternir l’image du continent. « Si ces pays se retirent de la Cpi c’est qu’ils ont leurs raisons, mais je ne suis pas sûr que sur le plan stratégique c’est une bonne décision. Le retrait arrange les Chefs d’Etat qui se sentent menacés car il n’y a pas de question d’immunité diplomatique. Dans le moyen terme, cette mesure ne donnera pas une bonne image pour l’Afrique », explique toujours Daniel Dormoy. Il est à souligner que malgré ce retrait, le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies peut toujours saisir la Cpi pour assurer les répressions internationales en cas de situations d’un ou de plusieurs crimes. Depuis plusieurs décennies, ce Conseil peut, en plus de saisir la CPI, bloquer l’activité de la Cour. Par ailleurs, la Cour peut s’effacer devant les juridictions nationales si les répressions sont effectives.
Recueillis par A.Lalaina R.