Syrie – L’Etat islamique en Irak et au Levant assiégé par le reste de la rébellion
En Syrie, l’offensive généralisée des groupes rebelles se poursuit contre le plus extrémiste d’entre eux : l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), une organisation apparue en 2013. Le fief de ces jihadistes radicaux, la ville de Raqqa dans le nord de la Syrie, est actuellement assiégé par d’autres factions de l’insurrection. Comment en est-on arrivé là ?
L’Etat islamique en Irak et au Levant est apparu en 2013 sur la scène syrienne. Un groupe radical et violent comme l’explique Romain Caillet, chercheur et consultant spécialiste des questions islamistes : « L’Etat islamique se considère comme un véritable Etat. Donc dans les zones qu’il contrôle, il veut imposer une hégémonie. Il ne reconnaît que ses tribunaux et seuls les groupes partisans de l’Etat islamique ont droit à disposer d’armes. Ca a amené à des confrontations pratiquement avec toutes les composantes de la rébellion. Donc, toutes les composantes de la rébellion avaient plus ou moins, dans différents secteurs ici et là, des comptes à régler avec l’Etat islamique en Irak et au Levant. » Décapitations publiques, tortures, enlèvements… L’Etat islamique en Irak et au Levant n’hésite pas à assassiner d’autres rebelles, comme le docteur Hussein al-Suleiman il y a quelques jours de cela. « Son corps a été rendu et visiblement il y avait des mutilations, poursuit Romain Caillet.Ça a provoqué un choc dans l’opinion publique des territoires libérés qui ont organisé des manifestations contre l’Etat islamique en Irak et au Levant. Ces manifestations ont donné une légitimité à différents groupes qui ont lancé une vaste offensive contre l’Etat islamique. » Quelle que soit l’issue de l’offensive en cours contre l’Etat islamique en Irak et au Levant, elle vise peut-être aussi à redorer le blason de l’opposition syrienne, dont l’image souffre des exactions commises par certains de ses membres.
Les invitations pour Genève 2 sont parties
Hier, lundi 6 janvier, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a envoyé des invitations pour la conférence de paix sur la Syrie, dite Genève 2, qui doit s’ouvrir le 22 janvier en Suisse. Les invitations sont parties, mais tous les diplomates à L’ONU ne sont pas convaincus que cette conférence de paix, qui doit réunir le gouvernement et l’opposition syrienne à Montreux, pourra se tenir à la date prévue. Vingt-six pays ont été invités parmi lesquels l’Arabie saoudite, le parrain de l’opposition syrienne, mais le grand absent reste l’Iran. Le secrétaire général Ban Ki-moon souhaite que Téhéran participe. Il l’a dit à plusieurs reprises. Mais les Etats-Unis s’y opposent pour l’instant. L’Iran se dit insulté par la proposition américaine de ce contenté d’un strapontin à un rang inférieur à celui de ministre. Reste que la plus grosse menace qui pèse sur cette conférence, est la participation des Syriens eux-mêmes. L’opposition n’a toujours pas nommé les membres de sa délégation. Le gouvernement syrien accepte de venir, mais refuse de parler du départ de Bachar el-Assad. En lançant très publiquement ces invitations, Ban Ki-moon peut au moins espérer rendre l’annulation de cette conférence plus difficile.