Incohérence des inconséquences
Le budget de la Commune Urbaine d’Antananarivo est arrêté. Bravo, ce n’est pas trop tôt ! 20% de ce budget seront consacrés à la réfection des rues, à la bonne heure ! Les chaussées affichent actuellement une sale gueule, inutile de s’étendre sur le sujet pour plaider la nécessité d’un lifting en profondeur. On peut penser que le mauvais état à nombreux endroits est une des causes de ces bouchons que l’on pensait disparaitre d’eux-mêmes après les fêtes. Ont tout faux ceux qui ont pensé que les gens seront en grand nombre « ruinés » après les dépenses de fin d’année et qu’il y aurait moins de voitures en circulation. Erreur, soit que nombreux ont fait preuve de sagesse et n’ont pas fait de folies pour des dépenses excessives, soit qu’en circulation il y a plus d’argent qu’on ne peut le croire lorsque soi-même traine dans ses poches un portefeuille plutôt plat. De ce point de vue il n’y a pas incohérence, mais simplement incrédulité sur une situation dont les explications dépassent ceux qui oublient l’existence des voies mystérieuses de l’argent. On peut aussi pourtant tomber d’incrédulité face à des entreprises qui semblent complètement incohérentes. La réfection des trottoirs. Pauvres piétons, on pense si peu à eux que l’opinion a une fâcheuse tendance de les oublier ou pire de les ranger dans une sorte de catégorie de naturellement laissés-pour-compte. Bien sûr que les piétons méritent qu’on accorde une priorité à un aménagement de grande ampleur pour leur réserver les espaces utiles pour circuler dans de bonnes conditions sur des surfaces adaptées. Une fois encore on a le sentiment que l’on y procède pour faire du spectacle sans plans conçus dans les normes. On va au plus facile, on essaye de mordre sur la chaussée roulante pour gagner de quoi élargir les trottoirs, comme si les rues n’étaient pas déjà trop étroites. La CUA peut procéder à toutes les gesticulations par de soi-disant chantiers pour apporter un peu plus de confort aux piétons, qui forment la majorité des électeurs, les édiles ne parviendront pas à convaincre de leurs bonnes intentions tant qu’ils ne rendront pas aux piétons ne serait-ce que cette portion de trottoir juste après le pont d’Andravohangy que la Commune a cédée à un Centre et qui sert de parking sous la férule de vigiles aux gros bras, aussi arrogants que la seule consolation est de trouver excuse à leur abus en bombant le torse, en pensant que ce qui leur sert de cervelle est en proportion inverse de la dimension de leurs biceps. Au grand jour, une grosse verrue au vu de tous, s’il ne s’agit pas d’une tolérance scandaleuse dont on devine les raisons, c’est un témoignage d’une inaptitude à utiliser à bon escient l’autorité que les administrés ont confiée à leurs édiles.
Léon Razafitrimo