« Misy mihaino ? ». Et même venant de vrais « Raiamandreny » que sont les Evêques de Madagascar, on sait qu’encore une fois, cette lettre a une chance infinitésimale  de trouver de réponse auprès des actuels tenants du pouvoir. Ces derniers seront plutôt occupés à peaufiner les dernières préparations relatives au sommet de la francophonie qui va se tenir d’ici la semaine prochaine.

« A tous les Chrétiens et aux Hommes de bonne volonté à travers toute l’île », voici la première phrase du message de la Conférence Episcopale de Madagasikara après sa dernière réunion ordinaire qui s’est tenue depuis le 4 novembre dernier et a pris fin le vendredi de la semaine dernière. Une première phrase qui interpelle tout de suite avec un message fort. Ainsi, la Conférence Episcopale de Madagascar a tenu une réunion qui a durée plusieurs jours et qui bien évidemment a soulevé la question des affaires de l’Etat et surtout l’état du pays actuellement. Malgré un ton un peu moins élevé que lors des déclarations précédentes de cette année, cette nouvelle intervention des évêques de Madagascar n’a cependant pas manqué les problèmes de notre pays. A en croire l’avis de ces derniers, il semblerait que les hommes sages et de bonne volonté aient disparu du pays et que ceux-là, s’ils ont existé, ont emporté avec eux la vérité et l’honnêteté, surtout au niveau de la classe dirigeante. Tout en soulignant « nous avons déjà déclaré lors du message du mois d’Août l’inexistence de la justice et des blessures qui en sont les conséquences, détruisant la vie des malagasy ». Bien évidemment, un rappel pour dire que rien n’a encore changé et que l’inexistence de la justice est toujours réelle à Madagascar. Ceci exactement 4 mois d’un premier appel à la sagesse des malgaches donc, la situation n’a toujours pas évolué pour ne pas dire qu’elle s’est dégradée. L’appel aux Hommes de bonne volonté des évêques pourrait-il être un appel dans le désert.

Les faits sont là

Dans tous les cas, la décision des habitants dans de nombreuses régions de l’île de se faire justice eux-mêmes en témoigne indéniablement de l’inexistence de la justice à Madagascar. Mais plus encore, la Conférence Episcopale de Madagascar pose la question juste : « Pourquoi nos richesses ne donnent pas les fruits  que nous en attendons et ne produisent pas pour le bien de tous ? ». La disparité entre les classes n’a jamais été aussi flagrante et le fossé entre les malgaches se creuse de jour en jour. Car d’un côté, il y a ceux qui vivent dans l’opulence grâce surtout aux richesses nationales et à l’exploitation du pays et de l’autre, il y a les malgaches expropriés de leurs terres, tabassés par les forces de l’ordre et qui vivent à moins de 1,25 dollar par jour. Pour les évêques, les faits sont là et la réponse à ces interrogations est simple : la vérité et l’honnêteté ne sont plus de mise à Madagascar. « Ce n’est pas la richesse qui nous manque, nous ne manquons pas de célébrités, nous ne manquons pas de savants, d’intellectuels… Mais Madagascar est surtout pauvre d’hommes sages… nous manquons de sages car la vérité est bannie, nous ne donnons plus la place qu’il faut à la vérité », soulignent-ils dans ce nouveau message. Voici donc une nouvelle lettre de la Conférence des évêques de Madagascar qui vient suivre toutes celles précédentes. En aura-t-elle un écho quelconque dans la vie de la Nation et surtout auprès des dirigeants qui devraient être les premiers hommes sages du pays ? Pour le moment, ce n’est qu’un appel dans le désert.

Régis Kabary