La première période de la 4ième République servira de transition pour établir de nouveaux rapports entre la population et la classe politique. Les chiffres publiés par la CENI-T renvoient la classe politique à ses études. Le choix d’une majorité s’étant exprimé en faveur des francs-tireurs (les candidats indépendants) ou à la limite pour des candidats représentants des partis discrets, signifie bien que les gens se méfient et quand ils peuvent le faire se défient des systèmes (organisations, partis et associations) qui phagocytent le comportement politique dans une formule stérile. 
Tout le monde en a pris pour son grade. Même les mieux placés, n’ont fait que sauver les meubles, et seul leur passage au pouvoir où ils ont disposé de la puissance publique et de l’appareil d’Etat les a aidés à sauver la mise. 
On aurait pu croire que le « Malagasy Tonga Saina » de Roland Ratsiraka sans faire un tabac, allait tirer son épingle du jeu et parvenir avec quelques élus à constituer un groupe parlementaire. Même si les deux potentiels élus sont confirmés par la C.E.S. ils risquent d’errer à Tsimbazaza comme deux âmes en peine à la recherche de groupe auquel s’accrocher. Ils n’ont peut-être pas à s’en faire, justement du fait qu’aucun grand parti n’a obtenu à lui seul la majorité, leur « affiliation » constitue une valeur bien cotée. Le MDM de Pierrot Rajaonarivelo que les observateurs avaient classé parmi les formations sur lesquelles il fallait compter ne fera l’objet d’aucune opération de séduction, pas même un député à débaucher. 
La mouvance Ravalomanana enregistre elle aussi une mauvaise surprise. On lui attribuait plus du double du nombre de sièges que celui qu’elle a obtenu. Evidemment qu’elle crie au vol et qu’elle est victime de fraudes, même si elle a raison ça sera difficile de convaincre les juges électoraux, la triche est d’une telle banalité, le jeu consiste à ne pas se faire pincer. 
Hajo Andrianainarivelo que l’on dit avoir beaucoup perdu en raison de cette ambiance de fraude et de débauchage de partisans, réagit autrement, d’avoir reçu des claques il reste stoïque et en prend de la graine. Avec le nombre de sièges dont dispose son parti à l’Assemblée Nationale il peut entreprendre des escarmouches et patienter à l’affût. A l’affût de quoi ? Sait-on jamais ! Ni succès, ni bérézina, les législatives ont aussi rappelé à la formation créée par Herizo Razafimahaleo qu’il est nécessaire de se muscler pour pouvoir défendre une ligne, et que la seule bonne volonté ne saurait que réserver à ses membres des rôles d’utilité. 
Dans un contexte d’une telle désorganisation, la première place acquise par le Mapar peut prendre les dimensions d’une grande victoire, cette organisation dispose d’un boulevard où une opposition structurée brille pour l’instant par son impuissance.

Léo Raz