Même pas son chien
On savait depuis longtemps que Madagascar n’était pas un lieu sûr, loin d’être la terre de sécurité où l’on se sentirait bien et à l’abri pour ses vacances. Mais avec la récente sortie de la carte de sécurité élaborée par Sos international pour les voyageurs dans le monde, on se rend compte qu’on était bien loin de la réalité sur terrain, même en étant sur place. Les histoires de pickpockets, de voleurs à la tire, de cambriolages, de lynchages et de vindicte populaire qui remplissent les colonnes des journaux de la place sont d’un degré au-dessous si l’on se réfère à cette étude de Sos international. Comme nous le disions hier, les visiteurs de la Francophonie devraient se renseigner et on peut être sûr qu’ils le feront, si ce n’est déjà fait. La Grande île, malgré ce que l’on veut faire croire, est un pays encore précaire en termes de sécurité, et en beaucoup d’autre choses d’ailleurs. Plusieurs fois, les ambassades étrangères à Madagascar ont déconseillé leurs ressortissants de se rendre dans la Grande île. Après cette carte de Sos International, Madagascar, terre de vacances et de calme ou vous pouvez vous reposer sans grand souci devient d’un coup Madagascar, une terre d’enfer où on ne promènerait même pas son chien.
Loin d’être pour nous le plaisir de dénigrer le pays, qui est le nôtre et que nous chérissons, la réalité est pourtant bien là. Et on ne peut s’y soustraire sauf bien évidemment si l’on décide de fermer les yeux sur ceci et cela, ces petits riens qui pour la plupart des dirigeants ne sont pas grand-chose. « Une vigilance accrue est recommandée à la sortie des stades et du Coliseum à Tananarive les soirs de rassemblements sportifs ou de tout autre évènement public. Nous vous recommandons de noter ou d’enregistrer les coordonnées citées dans le Mémento sécurité, Tananarive ou province, afin de pouvoir facilement les consulter. Il est également important de se faire connaître auprès du commissariat de votre quartier, qui pourra utilement vous informer sur les précautions à prendre et les actions à entreprendre en cas d’urgence », peut-on lire dans la dernière recommandation de l’Ambassade de France au mois d’août dernier.
La carte mise à la disposition des voyageurs par Sos international confirme cette inquiétude des ambassades car niveau sécurité, le pays se situerait au même rang que le Soudan, l’Arabie Saoudite, l’Ethiopie, la Colombie ou la Russie et la Corée du Nord. Les pays comme la Syrie, le Sénégal, l’Iran, le Sultanat d’Oman ou la Chine sont de loin plus sûrs que Madagascar. Bien évidemment, la région Sud-est de la Grande île, elle, est classée zone rouge, déconseillée au plus haut niveau aux touristes et voyageurs de la planète. Pour le reste, le pays est donc classé orange, un niveau d’alerte élevée quand même pour faire dans le sarcastique. Le classement est bien sûr accompagné d’un petit résumé des raisons qui le justifient. Pour Madagascar, on peut lire « Des troubles politiques périodiques, des manifestations violentes, des insurrections et / ou des actes de terrorisme sporadiques se produisent. Les voyageurs et les cessionnaires internationaux risquent de faire face à de violences communautaire, sectaire ou raciale et de crimes violents. La capacité des services et des infrastructures de sécurité et d’urgence varie. »
Il apparait donc normal si pour la Francophonie, l’Etat décide une fois de plus de sortir les petits blindés qu’il possède, et ce malgré leur âge avancé. On pourrait bien renier cette carte comme tous ces autres rapports de la Banque mondiale, de l’Unicef, de Transparency international, de Doing Business et autres organismes internationaux qui ont accablé le pays et continuent de le faire jusqu’à l’heure actuelle. Le fait est qu’après cette carte de Sos International, Madagascar, terre de vacances et de calme ou vous pouvez vous reposer sans grand souci devient d’un coup Madagascar, une terre d’enfer où on ne promènerait même pas son chien. La faute à qui ?
Ny Aina Rahaga