Que de discussions !
Les discussions vont bon train à l’approche de la date du 22 novembre 2016, celle à laquelle débutera le sommet de la Francophonie dans la capitale malgache, Antananarivo. La raison qui fait que ce 16ème sommet de la Francophonie accapare nos lignes depuis un certain moment n’est plus à détailler. En ce qui concerne les discussions sur ce sujet, cela tourne surtout autour des retombées et des répercussions que ce sommet aura dans la vie des malgaches une fois fini. Car comme nous l’avions expliqué hier, le sommet n’a pas encore commencé que les malgaches en pâtissent déjà. Dans ces conditions, il apparaît normal que les malgaches, qui se trouvent obligés de faire concessions sur concessions, réclament qu’il y ait des conséquences palpables d’ici une semaine de ce rendez-vous. Mais quand on porte l’analyse au-delà des frontières malgaches, on peut dès aujourd’hui se résigner à ce que rien ne change réellement après ce sommet. Et ce, malgré les beaux discours des tenants du pouvoir et des défenseurs du régime actuel.
Forbes Afrique s’est posé la question suivante : « Où vaut-il mieux être manager ou entrepreneur en Afrique : plutôt dans la zone anglophone ou dans la partie francophone? Cette dernière serait-elle, comme on l’entend souvent, synonyme de décrochage, alors qu’Afrique anglophone rimerait avec décollage? » Une question bien posée et d’une importance cruciale pour Madagascar actuellement. Toujours selon l’analyse de Forbes Afrique, l’indice de développement humain 2013 publié par le Programme des Nations unies pour le développement, qui prend en compte des éléments tels que l’éducation, le niveau de vie ou la santé, révèle que parmi les six Etats les plus mal classés (sur 187), cinq sont des pays d’Afrique francophone : le Burkina Faso, le Mali, le Tchad, la République démocratique du Congo et le Niger qui ferme la marche. Le poids de l’Afrique anglophone est supérieur à celui de l’Afrique francophone avec un rapport démographique triple : 898 milliards de dollars de PIB pour une population de plus de 480 millions, face à un PIB de 163 milliards de dollars pour quelque 170 millions d’habitants. Les héritages de la colonisation sont aussi clairement différents. Selon le directeur de Michael Page Africa, « les pays d’Afrique anglophone ont été mieux préparés à prendre leur élan au moment de la décolonisation, notamment en matière de gestion des affaires publiques ou d’éducation ».
Pour le magasine Jeune Afrique, sans aucun doute, l’Afrique subsaharienne francophone perd du terrain sur sa sœur anglophone, même en excluant l’Afrique du Sud. Sur les terres où fleurit la langue de Molière, c’est la langueur qui domine et de Dakar à Yaoundé et Kinshasa, on rêve d’émigration. Sur les terres où règne celle de Shakespeare, l’activité est trépidante ; on fourmille de projets et on règle ses factures d’un clic ou par téléphone. Les pays francophones pèsent 19% du produit intérieur brut moyen de l’Afrique subsaharienne, quand les anglophones en représentent 47%, et ceci sans prendre en compte l’Afrique du Sud. Les pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine, à dominante francophone, croissent à la cadence de 3,4% en moyenne par an depuis dix ans, et ceux de la Communauté d’Afrique de l’Est, à dominante anglophone, à 5,4%.
Les comptes faites, le résultat est là et la situation malgache s’explique par ces analyses qui sont vérifiables au niveau national. Certes, l’appartenance au monde Francophone constitue et offre des opportunités d’ouverture pour notre pays. Toutefois, il est important de penser et de repenser les intérêts et avantages réels qu’on peut en tirer. Si l’on ne parle que de la venue express de François Hollande en terre malgache, mise à part la fierté que cela pourrait engendrer pour les tenants du pouvoir, qu’est-ce que cela signifiera concrètement pour la population tananarivienne ou celle du Sud de la Grande île ? Evoquera-t-il au moins la question sur les îles éparses ? Mais ce ne sont là que des discussions.