Wake Up Madagascar – La population appelle au secours
Bon nombre de citoyen et d’organisations, politique ou non, ont dénoncé ces derniers temps les mesures prises par le régime face à l’arrivée prochaine du 16ème sommet de la Francophonie à Antananarivo. Samedi dernier vers midi, le mouvement Wake Up Madagascar en a fait de même et a invité tous les citoyens malgaches à une démonstration inhabituelle du côté d’Antaninarenina. Pour ceux qui ne le savent pas encore, Wake Up Madagascar est un mouvement citoyen né sur les réseaux sociaux qui a pour objectif de remettre le citoyen au centre de la vie nationale malgache. Ce mouvement s’est donné comme objectif d’interpeller les décideurs sur leurs devoirs de redevabilité. En ce sens, le mouvement ainsi que tous les citoyens qui se joint à la manifestation de samedi ont effectué un flash mob assez spécial afin de dénoncer les actions du régime dans le but unique de cacher la réalité malgache aux invités du sommet de la Francophonie. Aussi, ces derniers ont porté des pancartes et des affichettes relatant presque dans la totalité les milles misères que vit la population malgache quotidiennement et se sont allongés sur les trottoirs durant trente minutes. Le but de la manifestation de samedi était, selon les organisateurs, de montrer aux étrangers la vrai réalité des malgaches afin que eux le transmette aux tenants du pouvoir qui se sont depuis longtemps bouchés les oreilles face aux malheurs des malgaches. A la vue du fait que les dirigeants accordent énormément d’importance aux étrangers qui viendront pour le sommet, ils serviront de porte-voix vers le régime qui les écoutera peut-être.
Au grand jour
« Je suis les 92% des malgaches qui vivent en dessous du seuil de pauvreté, Je suis les 1.400.000 personnes qui sont en état d’insécurité alimentaire dans le sud, Je suis les 840.000 personnes au plus haut niveau d’insécurité alimentaire dans le sud, Je suis le kidnapping de plus en plus fréquent, Je suis les attaques à mains armées ; Je suis les coupures d’électricité incessantes, Je suis les coupures d’eau boueuse du robinet, Je suis Clovis Razafimalala, militant écologiste emprisonné, Je suis la liberté d’expression bafouée, Je suis arrestations de manifestants, Je suis les 46% d’analphabètes, Je suis le « kere », Je suis la corruption à tous les niveaux, Je suis les députés qui menacent pour obtenir leurs 4×4, Je suis les élus et nommés qui réclament des privilèges interminables, Je suis les milliers de sans-abris ». Voilà quelques extraits des affichettes que ces citoyens ont tenu à montrer durant cette manifestation mais également un petit aperçu de la misère malgache. Pour Wake up Madagascar, l’Etat fait semblant d’ignorer jusqu’à ce jour ce que vit la population et déploie toutes les manœuvres possibles afin de ne rien laisser paraitre de cette longue liste.
Les grands remèdes
Aux grands maux, les grands remèdes. A titre de rappel, ce n’est pas la première fois que le mouvement Wake up Madagascar essaie d’interpeller des invités de marque du régime. Ce fut le cas lors de la visite du Secrétaire général des Nations Unies il y a quelques mois de cela. Cette fois ci, ces derniers ont décidé d’adresser des lettres aux chefs d’Etats et personnalités de la communauté Francophone. Le mouvement souligne dans sa lettre que les malgaches sont «honorés d’être les hôtes du 16e Sommet de la Francophonie, bien que l’organisation de l’événement et les mesures prises pour son déroulement sont loin d’avoir acquis l’adhésion de tous (…) Ce Sommet qui se veut fédérateur écarte l’âme même de Madagascar qu’est sa population. Les mesures prises au nom du confort et de la sécurité des prestigieux invités ne servent qu’à cacher la réalité du Malgache de 2016 et pour certains d’entre nous, alourdissent la précarité quotidienne durant la semaine consacrée à la Francophonie. ». Par la suite, « Le budget y affecté et ses sources sont volontairement laissés flous, laissant planer des doutes et des inquiétudes légitimes. (…) ce n’est pas le Sommet qui nous dérange, encore moins la Francophonie. Nous sommes indignés par le mépris de nos dirigeants pour la population malgache. Indignés face à cet Etat qui cache notre misère et notre pauvreté au lieu de leur trouver une solution pérenne. Indignés, devant cette volonté de jeter de la poudre aux yeux des délégations internationales et de faire si peu pour lutter à nos côtés pour les droits les plus basiques : du travail, de la nourriture, de l’instruction, de l’électricité, de l’eau potable. ». Entendra-t-on enfin cette détresse des malgaches ?
Ny Aina Rahaga