« Donner une leçon », selon l’affirmation du représentant de l’Organe Mixte de Conception (Omc) ! Ainsi, trois personnes ont été attachées et exposées avant d’être abattus. 

 Une vindicte populaire sous une autre forme avait été effectuée dans le fokontany Ambararatakely, district de Maintirano, le vendredi 18 novembre 2016. En effet, trois « présumés » dahalo avaient été appréhendés par les habitants de la région. Mais coup de théâtre cette fois, ce sont les agents de l’Organe Mixte de Conception (Omc) eux-mêmes qui ont donné l’ordre de la mise à mort des individus. Ces derniers avaient été attachés et exposés publiquement sur un grand espace non loin de la prison, avant d’être tiré dessus. La décision de la mise à mort avait été prise suite à une réunion des agents de l’Omc, dans le but de « donner une leçon pour les autres qui comptent continuer dans cette voie là », avait affirmé un représentant de l’Organe. D’après ce dernier, la région est devenue une véritable zone rouge où les membres du fokonolona font face à des dahalo par semaine, de ce fait l’extermination des bandits est la seule solution pour y remédier. Cette fois, la vindicte populaire quotidienne n’a pas eu lieu d’être, les responsables du maintien de l’ordre et de la sécurité se sont chargés eux-mêmes de mettre fin à la vie de ces simples présumés coupables. Une pratique indigne, faisant un véritable retour en arrière, au temps du code d’Hammourabi dans l’Antiquité, à l’époque de la pendaison, la guillotine et la chaise électrique. A l’époque également où l’abolition de la peine de mort n’avait pas encore été promulguée à Madagascar ! Voilà un aspect qui montre que chaque autorité fait comme bon leur semble dans le pays, qu’il s’agisse des policiers, militaires, gendarmes, et même des autorités étatiques qui détiennent le pouvoir.

Peine de mort

L’esprit de vengeance ainsi que l’aptitude à se faire justice soi-même de la population malgache s’accroit chaque jour depuis plusieurs mois. Si les autorités malgaches ne s’étaient pas exprimées à ce sujet depuis le premier bandit assassiné par le fokonolona, la décision de la mise à mort des trois présumés dahalo de Maintirano confirme bel et bien leur position vis-à-vis de la pratique de la vindicte populaire. L’action de ce vendredi à Maintirano revient à dire à la population malgache de continuer à pratiquer cette barbarie. Pour aller au fond des choses, une telle décision montre que même les représentants du maintien de la sécurité à Madagascar n’ont plus une confiance aveugle en la Justice malgache. Les agents des forces de l’ordre n’ont effectivement pas leur mot à dire concernant l’application des peines pour des individus coupables de délit ou d’infraction. Leur rôle se maintient à l’arrestation et la mise en place d’une enquête pour incriminer la personne. Par ailleurs, la mise à mort non loin de la prison de la région confirme l’hypothèse de cette absence de confiance vis à vis des magistrats. Car ce ne sont ni les prisons ni les tribunaux qui manquent à Maintirano ! Chose que les magistrats ne tolèrent pourtant pas, dans la mesure où la loi est claire. D’après les dires d’un représentant de la loi de Maintirano, ce sont maintenant les autorités qui violent les lois établies. La peine de mort a déjà été définitivement abolie dans le pays, et la « présomption d’innocence » est toujours en vigueur. En effet, un individu a « le droit » de se faire juger devant un tribunal compétent avant de subir une quelconque peine à l’issue de l’acte qu’il a ou non commis. Toute violation à cette présente loi est une violation directe au respect de la déclaration universelle des droits de l’homme, une convention internationale dans laquelle Madagascar fait parti des Etats membres. La commission Nationale indépendante des droits de l’homme (Cnidh) a d’ailleurs fait appel à la bonne résolution des autorités malgache, le même jour, pour prendre les mesures nécessaires afin de mettre un terme à ce phénomène de vindicte populaire. La demande serait donc passée dans les oreilles d’un sourd comme à chaque fois.

Athanase