Elle pourra attendre
Il est bon parfois de se dépayser un peu et vu qu’il est sûr que le début de la Francophonie soit à la une de tous les quotidiens de la place et éclipse toutes ces autres choses, ne parlons plus de cela. Les Malgaches et leurs malheurs vont en effet être oubliés durant une semaine entière, et pour ne pas qu’ils se sentent abandonner, il est bon de leur vouer quelques lignes encore face à cet engouement pour l’étranger. Que ce soit la pauvreté qui croît de minutes en minutes, ou l’éducation des enfants malgaches qui se détériore de jour en jour. Pire encore avec la disparition du civisme et du savoir- vivre de ceux qui devraient montrer l’exemple, parents et responsables en tout genre. La corruption ne sera pas l’un des problèmes majeurs et la famine dans le sud non plus. En parlant de la famine et de la sècheresse qui sévissent dans le sud du pays, une initiative des plus louables vient de voir le jour il y a très peu de temps. Non, cela ne concerne pas un don de milliards de dollars pour la cause du Sud de Madagascar. Mais plutôt en Slovénie, un pays qui n’est pourtant pas les Etats-Unis d’Amérique ou la France ou l’un de ceux-là chez qui on s’endette tant, ils viennent de prendre une décision exemplaire.
En Slovénie, l’accès à l’eau potable devient un Droit Constitutionnel à dater de ce 17 novembre 2016. Dès à présent, l’or bleu perd son statut de marchandise dans le pays. Le parlement slovène a inscrit ce jour là le droit à l’eau potable dans sa Constitution, insistant sur le fait que cette ressource ne peut être privatisée, une première au sein de l’Union européenne. L’eau destinée à la consommation ou à une utilisation domestique doit être uniquement fournie par les collectivités publiques. C’est le premier pays en Europe à prendre une telle décision radicale, motivée par la raréfaction dans le monde de l’eau potable et les risques de voir des industriels s’en accaparer la propriété. Selon le Rapport mondial permanent en ligne sur le droit à l’eau, seuls 15 Etats dans le monde avaient jusqu’alors inscrit le droit à l’eau potable dans leur Constitution. Il est bien évident que Madagascar n’est pas l’un de ces quinze pays là.
Chez nous, l’objectif visé est encore loin de là, loin de consacrer le droit à l’eau comme droit fondamental, loin d’en faire un droit tout court. Plus ou moins 60% des malgaches n’y ont en effet pas encore accès jusqu’à l’heure actuelle et le taux national d’accès à l’eau potable s’élève tout juste à 40,1% avec une trop forte disparité entre les régions. Pour en avoir une petite idée, il est de seulement 8,67% pour la Région Atsimo Atsinanana, 15,22% pour le Melaky et 74,22% pour la Région Analamanga. Dans le monde, le pays se trouve encore être parmi les pays qui ont le plus faible taux d’accès à l’eau. D’un autre côté, un objectif a été fixé et c’est plus que rien. Sauf que cet objectif vise à donner à seulement 76% des malgaches l’accès à l’eau potable et ce d’ici 2025 soit dans un peu moins d’une décennie encore.
Depuis un bon bout de temps au pays, on remettait en cause l’indépendance de la justice à tous les niveaux. Mais plus encore, la redevabilité de certaines juridictions aux dirigeants qui se sont succédé a été à peine voilée. Cela n’a fait que nuire aux intérêts de ceux et celles qui s’en remettaient à la justice. Au niveau de la Cour Constitutionnelle, elle-même, au début de la quatrième République, celle-ci a subi le feu des critiques surtout dans l’affaire de déchéance du Président de la république pour non-respect de la Constitution. Mais aussi concernant les mandats des députés qui n’ont eu de cesse de changer de bord pour se retrouver enfin du côté du régime. Ces instances n’ont jamais réellement pris de décisions selon les besoins de la population. Et c’est là le reflet de ce que sont les décideurs politiques à Madagascar. Trop occupés à préserver leurs intérêts et leurs privilèges. Pourtant, c’est de ce genre de décision, comme pour les députés slovènes, dont Madagascar a réellement besoin. C’est ce genre de décision que la population attend de ses représentants. Elle pourra toujours attendre.
Ny Aina Rahaga