Nuage de pollution – Hongkong suffoque
Depuis la mise en place de nouvelles mesures qui prennent mieux en compte les risques sanitaires, le territoire autonome enregistre des niveaux de pollution inquiétants. A Hongkong, la pollution fait partie du quotidien. Mais depuis le 30 décembre, l’ancienne colonie britannique publie de nouvelles mesures, plus précises, de la pollution atmosphérique. Résultat : la pollution enregistrée a rarement quitté la zone d’alerte. Le plus haut niveau de dangerosité a même été atteint à quatre reprises. A chaque fois, le gouvernement a invité les habitants à limiter leurs déplacements en extérieur. L’indice, allant de 1 à 10, mesure les niveaux de concentration de plusieurs particules polluantes. Il prend en compte les risques sanitaires encourus. Les données sont comparées avec les admissions hospitalières pour troubles respiratoires et cardio-vasculaires.
Le nouvel indice a toutefois reçu un accueil mitigé chez les Hongkongais, partagés entre inquiétude et indifférence. « La qualité de l’air est toujours mauvaise en ville, témoigne l’un d’entre eux dans le South China Morning Post. Je ne pense pas qu’un nouvel indice ou une appli me sera d’une grande d’aide ou qu’elle permettra d’améliorer la qualité de l’air ». Le ton est également critique parmi les ONG. « Le nouvel indice aidera peu à améliorer la qualité de l’air, il s’agit seulement d’un nouveau standard », estime le responsable de l’ONG Clean Air Network. Kwong Sum-yin espère toutefois que le gouvernement va enfin prendre la mesure du problème. Le chef de l’exécutif hongkongais, Leung Chun-ying, a fait de la lutte contre la pollution de l’air une priorité de son mandat quinquennal. Le gouvernement prévoit notamment le remplacement de plus de 80.000 véhicules diesel entre 2014 et 2019 et des normes environnementales plus strictes pour les navires qui visitent l’un des ports les plus fréquentés au monde. Un programme de remplacement des pots catalytiques sur 20.000 véhicules supplémentaires, essentiellement des taxis, a démarré en octobre afin de réduire les émissions d’oxyde d’azote. Mais les ONG se plaignent de la lenteur avec laquelle ces mesures sont mises en œuvre. « Nous ne sommes pas satisfaits du calendrier », confirme Kwong Sum-yin.
Le sujet est particulièrement sensible et touche au portefeuille. En 2013, Hongkong a perdu son leadership mondial au classement des économies les plus compétitives dressé par l’International Institute for Management Development de Lausanne, se faisant dépasser par les Etats-Unis et la Suisse. Les milieux d’affaires attribuent ce recul à la pollution. Ils craignent que la qualité de l’air n’entache durablement la réputation de Hongkong, nuisant à son attractivité auprès des talents étrangers dont la ville a besoin pour maintenir son rang en Asie. « Je me verrais bien vivre quelques années à Hongkong, mais y élever des enfants ? J’y réfléchirais à deux fois », témoigne à l’AFP un touriste canadien de 37 ans, en contemplant les gratte-ciels pris dans la suie. A Hongkong, les mois d’hiver sont les plus pollués avec les vents du nord qui poussent de l’air chargé d’émissions toxiques en provenance de Chine populaire. Le territoire autonome est situé à l’embouchure de la rivière des Perles, une région industrielle parmi les plus denses de Chine.