Rendez-vous compte
On pouvait s’attendre à ce qu’une énorme, colossale somme d’argent soit mobilisée durant et pour la tenue du Sommet de la Francophonie qui vient de débuter à Madagascar. Rien qu’à voir les constructions à la va-vite, le nombre d’établissements hôteliers mobilisés pour l’occasion, le nombre de prestataires de services sollicités et toutes ces autres choses qu’il était « nécessaire » de faire par rapport à ce rendez-vous. Mais en fait, on ne pouvait qu’être loin de la réalité. A mesure que le Sommet avance, on peut déjà être sûr que les informations et les détails croustillants sur l’organisation fuiteront. Pour le premier jour d’hier, ce fut le cas en tout cas. Le fait que les premières autorités étatiques, concernées par certaines constructions en ignorent le coût réel, n’était en fait qu’une simple surprise face au paquet cadeau qui attend la population malgache entière une fois le sommet terminé. Pourtant, le fait que le coût de la construction de la nouvelle route du côté d’Andranomena soit inconnu du premier responsable malgache est déjà aberrant. Sauf que ce qui va suivre l’est encore plus et risque de rendre ce détail insignifiant d’un seul coup.
« Pouvez-vous donnez un chiffre sur l’Organisation du Sommet en général ? », avait lancé un journaliste malgache à un haut responsable au sein du Gouvernement. Ce dernier de répondre avec humour « Trois, parce qu’on aime bien le trois ». Mais en fait, on n’y était pas du tout car le chiffre qu’on connait actuellement n’est peut-être pas loin du trois mais s’en écarte quand même largement. Quatre et deux, 42 milliards d’Ariary, c’est le premier chiffre qui est sorti du Sommet de la Francophonie. Selon des indiscrétions, 42 milliards d’Ariary, ce serait la somme ou plutôt le « budget » total pour la sécurisation du sommet de la Francophonie et seulement, uniquement pour la sécurisation de ce sommet. Face à cela, on s’interroge sur l’addition des hôtels et restaurants qui seront chargés de la restauration des convives durant ce sommet. Sans parler des frais de déplacement qui seront sans doute encore plus onéreux. Si à elle seule la question de la sécurité consomme 42 milliards d’Ariary, les autres secteurs peuvent en faire autant. En creusant en profondeur, certains hommes des sociétés de sécurité civile ont affirmé percevoir par jour 8000 Ariary. A leur côté et servent de piquet se tiennent pourtant les jeunes militaires fraîchement accueillis par le Semipi ou « Sekoly miaramilam-pirenena » qui, eux, ne sont pas obligés d’être payés ou indemnisés à notre connaissance. Et dans le cas contraire, on verrait mal ces derniers avoir droit à plus de 8000 Ariary par jour.
Au final, l’addition sera salée pour les malgaches qui seront obligés de remplir à nouveau les caisses de l’Etat. Et pourquoi ? Pour que des infrastructures soient construites selon leurs besoins, pour que des routes puissent être aménagées dans les normes et pour que leur sécurité soient assurée. Où est-ce que la population malgache peut trouver 42 milliards d’Ariary chaque semaine pour pouvoir se sentir en sécurité ou plutôt pour que ses dirigeants prennent leurs responsabilité et assurent leurs devoirs ? 42 autres milliards d’Ariary afin que personne dans la Grande île ne meure plus de faim ou soit victime de malnutrition. Et enfin 42 milliards pour être bien à l’abri des intempéries qui vont venir sous peu, par semaine évidemment. Le fait est que c’est déjà la population malgache qui règlera la totalité des dépenses à la fin de ce sommet de la Francophonie. Et même si la participation financière de l’Organisation n’est pas à exclure, il va de soi que la partie malgache aura au moins payé la majorité de l’addition. Bon nombre de problèmes chez nous pourrait être résolu avec une telle somme, si ce n’est que la question de l’accès à l’eau potable, ou encore la mise en place d’infrastructure durable pour qu’on n’ait plus à se débarrasser des sans-abris les fois où des évènements de ce genre se tiendront au pays. En clair, faites les comptes et rendez-vous compte.
Ny Aina Rahaga