Hormis les malgaches
Disons les choses comme elles sont, sans attendre la fin pour découvrir une conclusion qui saute pourtant aux yeux de tous. Le 16ème sommet de la Francophonie se déroule à Madagascar et semble être profitable pour tous sauf pour la majorité des malgaches. Ceci est un constat que nous seul avons fait mais par la totalité des médias et certains invités du Sommet qui parlent à l’abri des oreilles indiscrètes. Hier, nous avons mis en évidence le fait que les malgaches devaient mobilisés X fois la somme de 42 milliards d’Ariary par semaine pour avoir droit à la sécurité, pour échapper aux embouteillages, pour pouvoir se nourrir correctement et vivre décemment comme pour le sommet de la Francophonie. Ces 42 milliards d’Ariary seront bien évidemment à reverser auprès de l’Etat. Et vu qu’il ne s’agira plus d’un rendez-vous international, les résultats ne seront nullement garantis, même pour l’énormité des fonds engagés, comme les impôts des malgaches dont les répercussions n’ont jamais été ressenties depuis le début de la quatrième République.
Hormis les malgaches. C’est un constat, disions-nous, que la population malgache, du moins tananarivienne à 80%, est excluse d’office de participation au 16ème sommet de la Francophonie. En premier, dans les régions, rien ne laisse croire que la Grande île accueille un rendez-vous d’envergure internationale. En ce sens qu’ils peuvent légitimement se sentir exclus et ce depuis le début des organisations même. Ensuite, en ce qui concerne les habitants de la capitale, des dispositions ont été prises afin qu’ils n’occasionnent aucune gêne dans le déroulement du Sommet. D’ailleurs, la chaîne d’information internationale Euronews a fait éclater la vérité aux yeux du monde à travers une interview de Thierry Auzer qui n’est autre que le directeur du théâtre des Asphodèles à Lyon mais aussi fondateur de fondateur de la Caravane des dix mots. Ce dernier avait explicitement avoué cette exclusion des tananariviens du Sommet. Le passage est, certes, assez long mais utile pour comprendre les ressentis face à ce rendez-vous. « Les organisations de la société civile ne sont pas invitées au Sommet et nous sommes convaincus que ce sont les acteurs culturels, économiques, éducatifs, etc. qui donneront vie à une francophonie réelle et ressentie par les populations. Très concrètement, à Antananarivo, les gens ne comprennent pas ce qu’est ce Sommet de la francophonie. Les écoles publiques sont fermées cette semaine pour limiter les embouteillages et faciliter les déplacements des cortèges officiels. Les habitants ont l’impression qu’on veut cacher la réalité de leur quotidien aux yeux du monde. Le Village de la Francophonie a été construit en dehors de la ville et présentera de l’artisanat et une programmation payante. Les populations ne semblent pas associées à ce qui devrait être une grande fête », a ainsi déclaré ce dernier. Ainsi, et c’est vrai, peu sont les malgaches qui connaissent le sujet. Et même ceux qui se sont rendus au fameux Village de la Francophonie, la majorité d’entre eux ignorent complètement les tenants et aboutissants du rendez-vous. Se contentant juste de visiter un lieu chic comme dans un centre commercial.
En parlant de lieu chic, il semblerait que le régime ait décidé qu’après le Sommet de la Francophonie que le village en question sera destiné à devenir un logement pour la population. Dans un premier temps, l’on a du mal à imaginer que ces installations dans le village puissent servir de logement mais plutôt de galerie commerciale. De ce fait, et dans un second temps, cela bénéficiera sans aucun doute aux plus offrants et non aux plus nécessiteux de la capitale qui ont réellement besoin d’un logement. Enfin, avec tout cela, les expropriés qui habitaient le terrain où l’on a construit le village n’ont pas encore été indemnisés, alors qu’ils étaient en règle vis-à-vis de l’Etat et de la loi. Pour ces raisons, le fait de transformer le village en « logement pour la population » n’est qu’un de ces discours que l’on fait pour récolter des applaudissements. Disons les choses comme elles sont, sans attendre vers la fin pour découvrir une conclusion qui saute pourtant aux yeux de tous, le sommet est pour tous hormis les malgaches.
Ny Aina Rahaga