Centrafrique – La course à la présidence de transition lancée à Bangui
Les membres du Conseil national de transition, le parlement provisoire, devaient normalement valider mercredi l’agenda établi par le bureau du CNT qui prévoit un dépôt des candidatures jeudi et une élection dès samedi. Mais les manœuvres ont déjà commencé en coulisses, avant même le départ du président Michel Djotodia, contraint à démissionner vendredi par la communauté internationale, exaspérée par son incapacité à juguler une crise qui a fait au moins un millier de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes. Désormais, pour arrêter la descente aux enfers de la Centrafrique, « il faut un exécutif qui bosse, avec des gens sérieux sur les ministères régaliens. Le FMI est prêt à ouvrir les vannes, mais il n’y aura pas d’aide budgétaire dans un pays si on ne sait pas où va l’argent et si le pouvoir ne fonctionne pas », résume un diplomate occidental. Venus de différentes obédiences politiques, parfois prompts aux retournements d’alliance, les 135 membres du CNT, mis en place pour donner un vernis institutionnel à la transition, vont donc devoir s’entendre sur le nom d’un homme ou une femme qui aura l’immense tâche de rétablir « la paix et la réconciliation nationale » dans un pays ravagé et en faillite.
Civil ? Militaire ? Adoubé par la communauté internationale? Acceptable pour le Tchad, parrain incontournable de la région ? Les noms et hypothèses circulent, se contredisent, dans un Bangui qui semble à peine recouvrer un semblant de normalité après des semaines de violences entre chrétiens et musulmans, et où les rancoeurs sont loin d’être apaisées. Une dizaine de noms circule depuis quelques jours à Bangui, mais avant même l’enregistrement des candidatures, certains ont d’ores et déjà été biffés, notamment sous pression internationale. Comme celui de l’ancien président du CNT Alexandre-Ferdinand Nguendet, qui assume actuellement la vacance du pouvoir et semblait tout disposé à prolonger son bail. Mais son nom est trop associé à l’équipe Djotodia, qui a brillé par son incompétence pendant ses 10 mois de pouvoir. La présidente du CNT, Léa Koyassoum Doumta, a envisagé également de se porter candidate mais les critères retenus par le bureau national du CNT excluent les plus hauts responsables de la transition (président, membres du gouvernement et membres du bureau du CNT). Les partisans de l’ancien président François Bozizé, renversé en mars par M. Djotodia et actuellement en exil quelque part en Afrique, comptent aussi leurs troupes et vont certainement présenter un candidat, selon des sources politiques. Tout comme des membres de la nébuleuse Séléka, qui n’entend pas se laisser mettre à l’écart.