Accidents vasculaires cérébraux (AVC) – Alerte maximale chez les jeunes
Maladie moderne, telle est la qualification actuelle de l’AVC au sein de la société. C’est que l’apparition de la maladie semble avoir été bouleversée. En baisse constante chez les personnes âgées, la maladie atteint de plus en plus aujourd’hui les jeunes de 20 à 64 ans.
Survol du revirement de la situation
Première cause d’handicap chez les adultes. Pourtant, cela fait quelques années que la vieillesse est de moins en moins concernée par les accidents vasculaires cérébraux. Des études ont été successivement menées par les chercheurs au cours de ces dix dernières années. Le constat demeure le même : baisse en nombre des cas chez les personnes de plus de 70 ans et augmentation de l’exposition à la maladie bien avant 65 ans. En France, aux Etats-Unis ou en Afrique dans les pays en développement, le risque est commun, contraignant les chercheurs à analyser plus profondément les causes pour essayer d’adopter des stratégies de préventions plus efficaces. Dernièrement, l’étude réalisée par la revue britannique The Lancet démontre les dernières données statistiques sur la maladie. Elle a été réalisée dans 119 pays dont 58 pays à haut revenu contre 61 à bas ou moyen revenu pour aboutir sur le constat d’une augmentation de 25% du nombre de cas d’AVC en 20 ans chez les 20-64 ans. Ces données représentent un taux de 31% sur le nombre total d’AVC à travers le monde en 2010 contre 25% en 1990.
Pour rappel, les accidents vasculaires cérébraux se distinguent en deux types : ceux dits ischémiques, lorsque le cerveau est partiellement privé d’oxygène et de glucose entraînant par la suite un infarctus cérébral ; et ceux hémorragiques, signifiés par la rupture du vaisseau sanguin, endommagé ou en mauvais état et soumis à une pression sanguine excessive. Les raisons de ces maladies sont différentes dont les risques majeurs proviennent respectivement de l’hypertension artérielle ou encore du tabac et de l’alcool. Mais à ces mêmes causes s’ajoutent aujourd’hui d’autres facteurs favorisés par le rythme de la vie quotidienne. Toutes les études effectuées s’accordent sur les problèmes liés à la sédentarité à travers le monde, les habitudes alimentaires à l’origine de l’obésité et encore et surtout la consommation de drogue, en hausse constante à travers les années.
Ecarts Nord-Sud
Les énormes disparités entre le Nord et le Sud sont palpables depuis plusieurs années mais de nombreux facteurs ont rendu la distance presque invisible. Une des origines du bouleversement de l’étendue de la maladie moderne porte sur le fait que les pays en développement imitent les habitudes, surtout alimentaires, des pays développés. Pourtant, tel que leur classification les désignent, l’ensemble même des conditions de vie ne permettent pas une réussite à toute imitation ne serait-ce que de parler de normes ou encore de l’accès aux soins pour prévenir et lutter contre les maladies. C’est ainsi que l’obésité a rapidement gangréné plusieurs pays du monde à une vitesse insoupçonnée lorsque les Etats-Unis et les pays européens en étaient les principaux précurseurs. Mises sur le compte d’une mauvaise alimentation, les conséquences sont apparues quelques années plus tard, difficilement maîtrisables par les autorités concernées. Malgré le fait d’être classée parmi les facteurs à risques faibles ou discutés, la maladie constitue à ce jour une des raisons qui facilitent les accidents vasculaires cérébraux, en même temps que d’autres maladies toutes aussi graves. Autre argument, le manque sinon la raréfaction des activités physiques et sportives dans les pays développés. La tendance actuelle est à la limitation des activités par l’homme, les machines et autres engins étant mis à l’honneur. Pourtant, la sédentarité représente également une des causes valables des AVC alors que le vent des technologies souffle vers les pays du Sud. Revers de la médaille, les pays développés tentent actuellement de revenir à des habitudes saines et naturelles, entre autres un changement de l’alimentation et une tendance accrue aux activités physiques.
La consommation de drogue constitue par ailleurs une autre activité qui domine dans le Nord et surtout chez les jeunes, pouvant expliquer la hausse du nombre de jeunes adultes atteints. Les études prouvent que la consommation de cannabis, par exemple, augmente les risques d’attaques cérébrales, de deux fois. Il s’agit pourtant d’un des faits de société actuellement sujets à débats, dont l’étendue est de plus en plus large. Ce sont des chercheurs néo-zélandais qui ont révélé cette découverte lors de la conférence internationale de l’American Stroke Association. Ils ont mené pour cela la première étude de cas sur un lien possible entre cannabis et AVC. « Le cannabis est généralement perçu comme ayant peu d’effets indésirables graves, mais cette étude suggère que ce n’est pas le cas », avance le Dr Alan Barber de l’Université d’Auckland, auteur principal de l’étude. Les chercheurs ont réalisé des tests d’urine pour déceler la présence de cannabis chez un premier groupe de 160 patients âgés de 18 à 55 ans hospitalisés pour un AVC. Ils ont réalisé les mêmes tests chez 160 autres patients ayant été admis à l’hôpital pour un autre problème de santé afin qu’ils servent de groupe témoin. Les tests ont été positifs chez 25 des membres du premier groupe (16%) contre 13 du groupe témoin (8%) soit un ratio de 2,3. Et en France, en 2005, un peu plus de 20% des patients âgés de 20-54 ans ayant eu un AVC pour la première fois consommaient de la drogue, par rapport à 2,2% chez les plus de 55 ans. Avec la confirmation des chiffres de l’étude, l’acheminement vers la dépendance des jeunes est de plus en plus clair.
Les femmes, les plus menacées
Retour à l’ensemble des études réalisées. Un autre constat accablant : les femmes sont plus soumises que les hommes aux accidents vasculaires cérébraux ou AVC. Effectivement, ce sont les hommes qui sont souvent connus pour de telles maladies. Un homme a 30% de risques supplémentaires d’être atteint. Mais les statistiques démentent de plus en plus ces informations. Les spécialistes mettent particulièrement en garde les femmes jeunes. « La combinaison migraine, tabac et pilule est explosive pour le cerveau », insistent-ils. Chacun de ces facteurs de risques est favorisé par les activités de la société actuelle. Ainsi, l’ensemble des études révèle que chez les femmes âgées entre 20 et 44 ans, les migraines feraient doubler les risques d’AVC. Plus récemment, une étude a démontré que les femmes souffrant de migraines accompagnées de troubles visuels comme des points lumineux ou des taches aveugles, peuvent être jusqu’à dix fois plus susceptibles de subir un AVC. La pilule ou les contraceptifs oraux en général sont par ailleurs un autre facteur de risque chez les fumeuses, les hypertendues ou les migraineuses.
Faible prévention en Afrique
Les accidents vasculaires cérébraux sont des maladies qui présentent des symptômes. Dans les pays en développement, ces signes vitaux ne sont pourtant pas toujours remarqués, les populations ayant d’autres préoccupations plus importantes. Dans la plupart des cas, l’urgence est lancée lorsque le patient présente les indices qui nécessitent dans les plus brefs délais l’intervention médicale. Dans les pays en développement, le taux de mortalité ainsi que le traitement difficile de la maladie a un lien avec le faible pouvoir d’achat des familles, ainsi que les soins inaccessibles. Mais au-delà de tous les symptômes possibles, il est surtout évoqué la méconnaissance de la maladie et de ses risques. Dans les actions de sensibilisation, le ministère de la Santé publique à Madagascar a l’année dernière essayé de faire connaître la situation, ses risques, ses causes et ses conséquences au moins pour une démocratisation des premiers secours et des premiers signes de la maladie. Selon les données statistiques, 232 personnes sur 100 000 sont atteintes à Antananarivo. 35,8% des Malgaches sont par contre sujets à l’hypertension, donc exposés aux risques d’AVC. Les budgets consacrés à ce genre de maladie, dans son traitement et dans la lutte contre, sont pourtant ignorés par les autorités compétentes car assez conséquents.
Même stratégie sur l’île de La Réunion où lors de la Journée mondiale de l’AVC, célébrée tous les 29 octobre, le ministère de tutelle a également lancé une campagne nationale d’information sur les AVC. A l’échelle mondiale, des stratégies sont urgentes pour la prévention, la gestion et la réhabilitation des cas, abordables et acceptables culturellement car « le fardeau mondiale de l’AVC augmente très vite ». Des stratégies globales visant à réduire la consommation de sel, d’alcool, de calories et de tabac sont actuellement étudiées. Dans le traitement des malades, l’hospitalisation, les médicaments, les services médicaux, l’imagerie diagnostique, les soins à domicile et la réadaptation contribuent tous à la facture totale. Les études démontrent une nouvelle fois encore que les coûts ont doublé au cours des dernières années.
Quelques chiffres (Source : Revue médicale britannique The Lancet, 2013)
Situation actuelle
- 16,9 millions de personnes atteintes entre 1990 et 2010 : 68% de plus en 20 ans
Dont 11,3 millions d’AVC ischémiques et 5,3 millions d’AVC hémorragiques
- -37% : taux de mortalité dans les pays développés
- +42% : taux de mortalité dans les pays en développement
Estimation d’ici 2030
- 70 millions de morts contre 33 millions en 2010