AFD – Six accords de financement de 216 milliards d’Ariary
Samedi 26 novembre 2016, en marge du XVIe Sommet de la Francophonie, la France et Madagascar ont conclu six accords de financement pour un montant total de 61,8 millions d’euros (environ 216 milliards d’Ariary).
Le Programme d’Appui et de Développement des Villes d’Equilibre (PADEVE), le Programme Intégré d’Assainissement d’Antananarivo (PIAA), le projet de prolongement de la rocade est et nord-est ainsi qu’une aide budgétaire ont été lancés ou confirmés à cette occasion.
La France, au travers de l’Agence Française de Développement (AFD), confirme son engagement à soutenir le développement économique et social du pays dont elle est le premier partenaire bilatéral. Partenaire historique de Madagascar depuis 70 ans, l’AFD se sera ainsi engagée sur la seule année 2016 sur un total de plus de 94 millions d’euros pour soutenir la mise en œuvre du Plan national de développement.
L’Agence française de développement, institution financière publique qui met en œuvre la politique définie par le gouvernement français, agit pour combattre la pauvreté et favoriser le développement durable. Présente sur quatre continents à travers un réseau de 75 bureaux, l’AFD finance et accompagne des projets qui améliorent les conditions de vie des populations, soutiennent la croissance économique et protègent la planète. En 2015, l’AFD a consacré 8,3 milliards d’euros au financement de projets dans les pays en développement et en faveur de ceux d’outre-mer.
PADEVE de Madagascar
Depuis 1990, Madagascar connaît un taux de croissance urbaine de 4,5% par an en moyenne. Cette dynamique concerne aussi bien Antananarivo, la Capitale, que les villes secondaires du pays tels que, Antsirabe, Antsiranana, Fianarantsoa, Mahajanga, Toamasina et Toliara. En 2014, 34% de la population vivaient en milieu urbain.
Les villes secondaires ont un rôle moteur à jouer dans le développement de leur région. Elles sont également des relais indispensables pour un développement territorial équilibré à l’échelle nationale.
Néanmoins, leur développement est entravé par de faibles ressources financières ainsi qu’un sérieux déficit d’infrastructures, en particulier à Antsiranana, Fianarantsoa et Toliara.
Chacune de ces villes doit relever des défis majeurs pour améliorer les conditions de vie de ses habitants. Il s’agit d’améliorer la gouvernance urbaine, de créer des emplois, en priorité pour les jeunes, de lutter contre la précarité urbaine, de faire face aux risques d’inondation ou encore d’élargir l’accès aux services essentiels, comme la santé et l’éducation
Le Programme d’appui et de développement des villes d’équilibre de Madagascar (PADEVE) vise à promouvoir un développement territorial équilibré à Madagascar.
L’objectif est triple
- investir dans les infrastructures à Antsiranana, Fianarantsoa et Toliara pour soutenir leur activité économique, renforcer leur attractivité et désenclaver leurs quartiers. Aussi, des investissements sont prévus dans les infrastructures de voirie, de drainage, dans les équipements marchands (marchés, abattoirs…) et dans les espaces publics.
- renforcer les capacités de gestion communale d’Antsirabe, d’Antsiranana, de Fianarantsoa, de Mahajanga, de Toamasina et de Toliara. Il s’agit notamment de faire émerger une gouvernance financière durable.
- appuyer la politique de développement urbain à l’échelle nationale. Ce volet prendra la forme de mobilisation d’expertise, d’études et de séminaires.
Il est soutenu par l’AFD via un prêt souverain concessionnel de 25 M€ et une subvention de 2 M€. L’Etat malgache alloue en sus au projet un budget de 6 M€.
PIAA d’Antananarivo
En 2015, seulement 18% de la population urbaine avaient accès à une eau saine à Madagascar. Les eaux usées ne sont quasiment jamais traitées et les maladies liées à l’eau sont la deuxième cause de mortalité dans le pays.
A Antananarivo où vivent 2,6 millions d’habitants, le réseau d’assainissement est fortement dégradé : les eaux pluviales et usées sont rejetées sans traitement dans l’Ikopa, la rivière qui traverse la ville. Les acteurs publics chargés de l’assainissement sont mal coordonnés et disposent de moyens très limités.
Chaque année, Antananarivo subit en outre de sévères inondations. Début 2015, plus de 100 000 personnes étaient déplacées ou sinistrées. D’ailleurs, 700 000 personnes vivent aujourd’hui en zone inondable. En cause, un système de drainage dysfonctionnel et mal entretenu.
L’amélioration de la qualité de l’eau et la prévention des inondations sont deux urgences sociales et sanitaires pour Madagascar. Elles sont au cœur du Plan national de développement adopté par le Gouvernement en 2015
Le Programme intégré d’assainissement d’Antananarivo (PIAA) vise à améliorer les conditions de santé et de vie des habitants de la capitale malgache.
Le programme doit permettre de :
- mettre à jour les outils de planification urbaine de la ville pour mieux définir ses besoins d’investissements dans le secteur de l’assainissement.
- investir dans le réseau d’assainissement et dans la lutte contre les inondations, en priorité dans les quartiers les plus vulnérables. Il s’agit notamment de réparer les réseaux d’assainissement et les stations de pompage, de créer des dispositifs de secours et de sensibiliser les habitants aux problématiques d’hygiène.
- appuyer une réforme de l’assainissement. Ce volet vise à clarifier le mandat des différents acteurs et à renforcer leurs moyens, notamment grâce à l’organisation d’Assises de l’assainissement.
L’AFD soutient ce programme via un prêt de 22 M€ à l’Etat malgache, une subvention de 3 M€ et une subvention déléguée de l’Union européenne de 2,8 M€. Et L’Etat malgache y alloue également une dotation budgétaire de 6,2 M€.
Aide budgétaire globale au titre de 2016
Après avoir approuvé deux aides au titre de la Facilité de crédit rapide (FCR), en juin 2014 et septembre 2015, le FMI a approuvé en juillet 2016 un accord de 40 mois au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) en faveur de Madagascar d’un montant d’environ 310 millions de dollars. Ce nouveau programme économique a pour objectif de contribuer à renforcer la stabilité macroéconomique et promouvoir une croissance durable et inclusive.
Le FMI avait conditionné son accord à la présentation au Parlement d’une Loi de finances rectificative (LFR) incluant des coupes dans les dépenses et une réorientation de celles-ci vers les secteurs prioritaires et à un comblement du gap de financement de 45 millions de dollars dans la LFR 2016. Ce qui a conduit les autorités malgaches à solliciter une aide budgétaire complémentaire des principaux bailleurs de fonds.
La Banque mondiale, la Banque africaine de développement et la France y ont répondu favorablement, permettant de combler ce gap de financement.
Cette aide budgétaire a facilité la conclusion du programme avec le FMI. Elle permettra aux autorités de poursuivre les réformes engagées et d’exécuter les dépenses notamment sociales prévues au titre de l’année 2016. Le décaissement interviendra en une seule fois avant la fin de l’année 2016.
Ce nouvel octroi constituera une opportunité pour renforcer le dialogue sur des thèmes centraux de la réforme. La mission financière conduite conjointement par la Direction générale du Trésor et l’AFD a validé avec les autorités malgaches des engagements qui reflètent le programme FEC, et feront l’objet d’échanges permanents sur l’évolution des progrès réalisés par l’administration. Ils sont centrés sur les priorités suivantes :
- la mobilisation des ressources fiscales, dans la continuité des engagements pris dans le cadre du Prêt de soutien budgétaire au titre des années 2014 et 2015.
- l’amélioration du climat des affaires, en raison de la nécessité de favoriser l’investissement, notamment à l’approche de la Conférence des bailleurs et des investisseurs de Madagascar qui se tiendra en décembre 2016 à Paris.
- le maintien des dépenses sociales prioritaires, dans la continuité des engagements pris dans le cadre du Prêt de soutien budgétaire et en conformité avec le programme FEC, qui fixe des planchers au niveau des dépenses sociales des quatre ministères prioritaires.
Prolongement de la rocade urbaine d’Antananarivo
Les conditions de déplacement sont extrêmement difficiles autour et à l’intérieur d’Antananarivo, la capitale économique et politique malgache. Elles pèsent sur le développement économique de l’agglomération et sur celui du pays tout entier.
Dans les années 2000, différents projets de planification urbaine ont été lancés pour résoudre ce problème. La priorité a été donnée à un projet de rocade reliant les routes nationales et devant permettre au trafic interurbain de contourner la ville. Plusieurs tronçons ont été créés entre 2003 et 2006. En 2005, notamment, l’AFD a financé la construction d’une partie de la rocade dans le cadre du Projet d’aménagement du marais Masay.
Néanmoins, les tronçons existants ne suffisent plus à répondre aux besoins des usagers. La zone urbaine à l’est de l’agglomération est extrêmement encombrée. De nombreux poids lourds transitent vers la capitale ou d’autres régions et leur passage dégrade la voirie.
Ce trafic ne cesse de s’intensifier. Pour désengorger le centre-ville, il est nécessaire de prolonger la rocade actuelle.
L’AFD accompagne le ministère d’Etat en charge des Projets présidentiels, de l’aménagement du territoire et de l’équipement dans la mise en œuvre du projet de Prolongement à l’est et au nord-est de la rocade urbaine d’Antananarivo.
Le projet vise à :
- prolonger la rocade urbaine à l’est et au nord-est. Cela permettra non seulement d’améliorer l’accessibilité interne de la capitale en soulageant les autres voies internes, mais aussi de renforcer son accessibilité externe en fluidifiant le trafic vers les autres provinces et ports du pays.
- préparer un programme d’aménagement urbain maîtrisé aux abords de la future rocade, notamment pour prévenir les inondations.
D’un coût total de 62 M€, ce projet est soutenu par l’AFD à hauteur de 24 M€ et par la Banque européenne d’investissement (28 M€). L’Union européenne finance la maîtrise d’œuvre dans le cadre de la Facilité pour l’investissement en Afrique. L’Etat malgache finance, quant à lui, les compensations aux populations.
Recueillis par FR