« Vous avez relevé le défi avec brio », c’est ainsi que le Secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie (Oif) a conclu ce rendez-vous qui a commencé mardi dernier et vient de s’achever hier dimanche. Au terme d’une longue semaine durant laquelle se sont succédé le Conseil permanent de la Francophonie, le Conseil ministériel de la Francophonie et enfin le Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Oif, Michaëlle Jean et le président de la République de Madagascar avec le Premier ministre canadien et le ministre chef de la délégation arménienne ont tenu une dernière conférence de presse. Une conférence en guise de clôture du Sommet au cours de laquelle les deux personnalités se sont félicitées de la réussite de ce rendez-vous et des efforts déployés par le pays dans ce sens. Sans oublier toutefois de remercier la population malgache et surtout les jeunes qui se sont, selon eux, impliqués pour le bon déroulement du Sommet. Le porte-parole du Secrétaire général de l’organisation avait lui-même reconnu que « c’est la première fois dans l’histoire que les jeunes sont associés au Sommet ». Pourtant, durant ces quelques jours de réunion, nombreux sont les malgaches et surtout les tananariviens qui se sont sentis exclus et mis en marge dans l’organisation et la tenue du Sommet de la Francophonie. Sans savoir ce qui se passe réellement dans leur pays et dans leur ville  tout en étant tenus à l’écart par les autorités pour ne pas gêner le bon déroulement du Sommet et ce à travers des dispositions diverses prises avant et pendant la semaine. Dans un tout autre sujet, mais toujours concernant le Sommet de la Francophonie, la venue du président de la République française était très attendue. En effet, la question des îles éparses qui oppose la France  à Madagascar était sur toutes les langues et tous attendait de pouvoir entendre la réaction de ce dernier face à ce conflit qui dure déjà depuis des décennies. C’est ainsi que François Hollande et son homologue malgache ont tenu une conférence de presse conjointe après l’ouverture du Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement. Pour sa part, Hery Rajaonarimampianina a simplement évoqué des relations saines et souhaitables que Madagascar entretient avec la France. De son côté, le président français a tout juste renchéri dans ce sens. Comme on s’y attendait, aucun d’eux n’a évoqué le sujet et par une pirouette, sans attendre que la question se pose, ils sont repartis et ont évité la chose avec brio. Ce qui confirme les dires du Secrétaire général Michaëlle Jean lors de la conférence de presse finale.

Un paquet

Jamais évoqué par la partie malgache, le coût réel de l’organisation du Sommet de la Francophonie est encore ignoré de tous. Toutefois, on peut aisément imaginé que cela dépasse largement la centaine de milliards d’Ariary. En effet, en prenant en compte les dépenses engagées par l’Etat depuis la mise en place des infrastructures nécessaires à l’accueil de ce rendez-vous jusqu’au dîner offert par le président de la République au Palais d’Etat de Iavoloha, on peut faire une estimation globale des sommes nécessaires et engagées tout au long de la préparation du Sommet. On a évoqué il y a quelques jours que 42 milliards d’Ariary auraient été nécessaires pour la sécurisation du Sommet. C’est là une somme considérable, vu les ressources dont disposent le pays et l’état des caisses de l’Etat. Pour le dîner donné par le président de la République également, des millions d’Ariary ont été, semble-t-il, dépensés afin de satisfaire les convives dont les Chefs d’Etat et de gouvernement de l’Oif. Comme pour équilibrer la balance, les tenants du pouvoir se sont empressés d’évoquer les signatures de coopération et de financement avec certains pays. Cela reste pourtant peu face à ce que l’Etat a dû mobiliser comme ressources financières. Un gros paquet d’argent, voilà ce qu’il en est.

Dans deux ans en Arménie

A la clôture du Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement, le Secrétaire général de l’organisation s’est réjoui du fait que les membres de l’organisation ont été portés à 84 si au début du Sommet ils étaient 80. Quatre nouveaux membres ont donc rejoint l’Organisation à savoir la République de Corée, la Nouvelle Calédonie, la province canadienne Ontario et enfin l’Argentine. La candidature de l’Arabie Saoudite a, quant à elle, été refusée à la fin du sommet car sa candidature a été déclarée irrecevable. Le prochain sommet de la Francophonie se déroulera dans deux ans en Arménie et la célébration des 50 années d’existence de l’organisation ainsi que le 18^ème Sommet, quant à eux, se feront en Tunisie. Pour ce qu’il en est de Madagascar, l’heure devrait être au bilan car plusieurs questions importantes ont été évoquées durant cette semaine. Il s’agit notamment du développement durable, de l’économie et du numérique, de l’éducation, des femmes, de la jeunesse, mais aussi de la paix, de la démocratie et des droits de l’Homme. Mais pour aujourd’hui seulement, les Malgaches peuvent dire « c’est enfin fini ».

Régis Kabary